Le numérique finalement rattaché à un très gros ministère
Ils n’auront finalement pas obtenu gain de cause… Alors que pas moins de 80 personnalités engagées dans le numérique plaidaient au début du mois de mai dans une tribune commune, pour un Ministère de plein droit consacré au numérique, ce dernier est finalement rattaché à un grand Ministère porté par Bruno Lemaire et consacré à l’Économie, aux Finances et à la Souveraineté industrielle.
La fin d’une époque ?
Éric Besson, Nathalie Kosciusko-Morizet, Fleur Pellerin, Axelle Lemaire, Christophe Sirugue, Mounir Mahjoubi et bien évidemment Cédric O… Ces personnalités politiques ont tour à tour porté un secrétariat d’État dédié au Numérique. Pour l’heure, et en attendant d’éventuelles réajustements ministériels après les élections législatives, l’absence d’un secrétariat d’Etat dédié au Numérique dans le gouvernement fraîchement nommé d’Élisabeth Borne vient mettre un terme à une page de 16 années ininterrompues durant lesquelles, le numérique aura bénéficié d’un traitement spécifique.
Le numérique souvent rattaché par le passé à Bercy
Et c’est donc Bruno Lemaire, reconduit dans ses fonctions de Ministre de l’économie et des finances qui voit son portefeuille élargi avec « la souveraineté industrielle et numérique ». Ce n’est pas la première fois que le numérique est rattaché au ministère à Bercy car souvenez-vous, la situation était par exemple déjà similaire dans le deuxième gouvernement de Manuel Valls. Dans le bureau du Ministre actuel était alors nommé un certain Emmanuel Macron et à ses côtés, Axelle Lemaire était nommée Secrétaire d’État au Numérique.
Un collectif de 80 personnalités du secteur
Comme nous en faisions l’écho au début du mois, 80 personnalités parmi lesquelles Gilles Babinet du CNNum, Michel Paulin d’OVHCloud, d’Arno Pons de Digital New Deal ou encore de Guillaume Rozier qui s’est fait connaître durant la pandémie grâce aux outils « Covid Tracker » et « ViteMaDose » ont cosigné une tribune appellant à la création d’un Ministère de plein droit dédié au numérique
Un choix « à la hauteur des enjeux » ?
Selon eux, si un Ministère du Numérique est essentiel, c’est parce que ce dernier « est profondément transformateur, d’une grande complexité, et exige la capacité à comprendre, déployer et défendre une vision technologique, sociale, écologique, économique, géostratégique et politique de long terme ». Ainsi, « Il requiert des moyens et des expertises que seul un ou une ministre de plein exercice peut convoquer et employer à la hauteur des enjeux ».
Toujours pas de Ministère du Numérique en 2022
Au premier abord donc, cette interpellation du Président de la République semble être restée lettre morte. Pour autant, et même si ce nouveau gouvernement ne sera pas le premier à avoir un Ministère du Numérique, il faut reconnaître que ce choix de rattacher ce secteur au Ministère de l’économie et des Finances atteste malgré tout de la considération accordée au numérique.
Le choix de l’efficacité ?
En effet, l’efficacité réelle a peut-être été privilégié à un certain affichage. C’est en tout cas ce que nous donne à penser l’interview de Cédric O dans l’émission Tech&Co de BFM Business la semaine dernière ; « Je pense qu’un ministre du numérique séparé de l’économie et sans administration est un ministre sans pouvoir. Il faut la puissance de Bercy. On pourrait même imaginer que le numérique dépende du Premier ministre ».
Le Ministre a-t-il déjà oublié le numérique ?
Du côté des signataires, l’annonce du gouvernement a généré quelques réactions et quelques tweets plus ou moins enthousiastes. Ainsi, Guillaume Rozier espère qu’« à défaut d’un ministère entier, on (puisse) imaginer une dose de numérique plus importante dans plusieurs ministères distincts (Economie, Industrie, Santé…) ». De son côté, réagissant à l’officialisation de sa nomination à la tête de ce très grand ministère, Bruno Lemaire a tweeté : « Mes priorités : emploi, souveraineté industrielle et lutte contre l’inflation ». Pour savoir quelle place et quels moyens seront attribués au Numérique, il faudra donc encore s’armer d’un peu de patience…