Le destin contrarié de la décentralisation Française… l’étude d’Arnaud Duranthon, Maître de conférences
« D’où vient la perplexité généralisée qui paraît avoir gagné l’ensemble des arènes de débat (politique, scientifique ou citoyenne) lorsqu’il s’agit d’évoquer la décentralisation française et son devenir ? Cette interrogation est à l’origine de cette étude, qui a permis la rencontre entre un chercheur et l’envie de Départements de France de prendre un peu de hauteur analytique alors qu’ont été célébrés, à travers plusieurs initiatives politiques ou scientifiques, les “40 ans de la décentralisation française ». Plongeons aujourd’hui dans cette étude avec son auteur, Arnaud Duranthon.
« La décentralisation n’existe pas ou plutôt… »
Comme le précise l’auteur : « Si l’on s’emploiera par la suite à le montrer plus systématiquement, il convient dès à présent d’indiquer que la décentralisation n’existe pas, ou plutôt n’existe plus : cohabitent désormais, dans le discours politique comme dans le discours du droit, des décentralisations ».
Un schisme profond de la notion
Et Arnaud Duranthon de préciser : « L’histoire conceptuelle de la décentralisation, en effet, révèle la survenance d’un schisme profond de la notion. Deux formes de décentralisation, aux prétentions et aux moyens biens distincts, coexistent aujourd’hui au sein de notre ordre juridique : l’une, héritée du libéralisme des républicains du XIXe siècle qui cherchaient à restaurer l’autonomie politique de formes sociales infraétatiques territorialisées ; l’autre, héritée de logiques néolibérales révélées par l’immixtion, dans le champ de la décentralisation, des ambitions de l’aménagement du territoire ».
Expliquer l’origine de la perplexité ambiante
Et celui qui est par ailleurs Maitre de Conférences à Strasbourg d’ouvrir son étude ainsi : »La croyance en l’identité logique de ces deux rapports au territoire est à l’origine de la perplexité que cause l’observation des mutations de l’organisation institutionnelle française : leur distinction est indispensable à une meilleure conception des enjeux ».