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    Le Cantal mobilisé pour collecter 15 000 téléphones usagés

    Direction aujourd’hui le Cantal pour découvrir une action concrète en faveur de l’environnement. Le Départemental vient de lancer en effet une opération ambitieuse de collecte de vieux smartphones usagés… Vous voyez sans doute de “quoi” nous voulons parler ? Il s’agit bien sûr de ces anciens camarades qui jadis indispensables s’entassent aujourd’hui dans nos tiroirs ! Pour en savoir plus sur cette démarche mais aussi sur les nombreuses initiatives de la collectivité, nous avons rendez-vous avec Bruno Faure, Président du Conseil Départemental du Cantal depuis 2017.

    Paroles d’élus : Votre Département est l’un des premiers à avoir vu les atouts du numérique. Comment expliquez-vous cette particularité ?

    Bruno Faure : La réponse se trouve dans ce qui peut apparaître au premier abord comme un handicap. Notre département du Cantal se situe dans le Massif central. Il compte moins de 145 000 habitants. De fait, cela nous classe parmi les petits départements ruraux de montagne. Cette faible densité combinée à ce relief de montagne nous ont naturellement poussés dès les années 90 à chercher des alternatives. Nous nous sommes donc intéressés au numérique sous toutes ses formes.

    Paroles d’élus : Pouvez-vous nous donner quelques exemples d’usages du numérique ?

    Bruno Faure :  La première réponse, à l’époque, a consisté à mettre en place des points d’accès à Internet dans toutes les communes. L’objectif était d’en trouver dans chaque mairie. Et depuis, le numérique s’est développé quasiment dans tous les domaines. Nous avons répondu par exemple à un appel à projet sur la télémédecine lancé par la Région en équipant nos établissements médicaux. Nous avons également développé des espaces numériques de travail dans les collèges et écoles primaires, en collaboration avec les collectivités.

    Aujourd’hui, nous proposons une gamme étendue de services liés au numérique et aux nouvelles technologies. Ordinateurs et smartphones sont essentiels pour pallier les difficultés de mobilité que nous rencontrons.

    Paroles d’élus :  Avec la collecte que vous avez mise en place, l’idée est-elle de construire un modèle de numérique plus durable ?

    Bruno Faure : Ces investissements dans le numérique que je viens de vous citer,  ne nous rendent pas aveugles sur le coût environnemental de toute technologie, quelle qu’elle soit. Ce n’est pas un hasard si récemment, Le Parisien nous a nommés “le département le moins pollué de France”. Cette première place reflète  aussi l’attention que nous portons à la préservation de la nature qui nous environne et de notre cadre de vie.

    Construire un numérique plus durable passe à mon sens par un engagement collectif. Nous avons donc lancé cette opération de collecte d’éléments électroniques, tels que les téléphones, chargeurs et écouteurs, pour sensibiliser la population à l’importance du recyclage.

    Concrètement, cette initiative va permettre de réutiliser les éléments contenus dans ces équipements, tels que les minerais rares comme le cobalt et le lithium, afin de réduire notre impact environnemental et de limiter l’exploitation minière.

    Paroles d’élus :  Vous êtes-vous fixé un objectif d’appareils à collecter ?

    Bruno Faure : Si nous voulons médiatiser cette opération c’est en effet avant tout parce que l’objectif est ambitieux. Dans notre département du Cantal, le numéro 15, nous nous sommes fixés comme objectif de récupérer 15 000 éléments.

    Ce chiffre peut sembler haut mais il est à mettre en perspective avec les estimations au niveau national.On parle d’au moins 30 millions de portables stockés dans nos tiroirs. Certains avancent même le chiffre de 100 millions. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que nous avons besoin que tout le monde se mobilise. Que ce soit ici dans le Cantal mais aussi au niveau national.

    L’enjeu est aussi à mes yeux de promouvoir l’économie circulaire. Il faut collecter les équipements qui dorment dans nos tiroirs mais aussi encourager la réutilisation des équipements électroniques.

    Paroles d’élus :  Comment se déroule l’opération de collecte ? Y-a-t-il également une dimension pédagogique ?

    Bruno Faure : La collecte s’étend à l’ensemble des 340 communes du département, ainsi qu’aux établissements d’enseignement, y compris les lycées de la région, pour mobiliser les jeunes cantaliens. Nous souhaitons également mettre en place ces opérations dans nos collèges afin de sensibiliser et de développer le rôle pédagogique que cela peut avoir. Il est important de souligner que nous n’établissons pas de distinction entre les collèges publics et privés ; ce sont des jeunes Cantaliens, des jeunes Français, des jeunes habitants de la planète, qui doivent tous avoir cette vision et cette perspective pour la planète.

    Nous vivons dans une société de consommation et de communication, ce qui souligne l’importance de rappeler aux jeunes que tout ce que nous consommons a un impact sur l’environnement, la planète et la société. Là encore, une manière intelligente de limiter cet impact est de favoriser la réutilisation et le recyclage des éléments électroniques nécessitant des matériaux spécifiques. Il est crucial que les gens fassent le lien entre la nécessité de creuser des carrières pour extraire des métaux particuliers et notre désir d’utiliser des téléphones portables, des smartphones, des téléviseurs, et autres appareils électroniques.

    Paroles d’élus :  Les collectivités sont-elles également concernées par l’achat de matériels informatiques reconditionnés ?

    Bruno Faure :  Oui, la loi AGEC de 2020 prévoit par exemple que dans le secteur public, 20 % des PC portables ou fixes soient issus du reconditionnement. La Loi REEN fixe également des objectifs en ce sens.

    Mais outre ces objectifs légaux, l’implication d’une collectivité comme le Cantal sur cette question est triple. Tout d’abord nous valorisons dès que cela est possible les filières qui existent sur notre territoire. Le Conseil départemental multiplie ainsi depuis une quinzaine d’années les partenariats pour le recyclage, notamment pour le matériel informatique.

    Le 2ème enjeu est de montrer l’exemple en matière de réemploi en nous assurant que le matériel informatique que nos services n’utilisent plus est bien dirigé vers ces mêmes filières.

    Enfin, et c’est le 3ème axe, nous devons nous même nous orienter vers l’achat de matériel reconditionné quand cela est possible. Sur ce dernier point, nous avons encore à franchir plusieurs étapes pour généraliser ces politiques de récupération, mais nous sommes déterminés à y parvenir. Cela demande encore un travail interne au niveau de nos services mais aussi au niveau de nos référencements. Un des enjeux principaux est par exemple d’assurer la sécurisation de notre système informatique alors même que les collectivités sont de plus en plus l’objet de cyber attaques.