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Sommaire de l’article
    L'actu des associations

    L’appel d’Épinay : plus que jamais « les villes, les quartiers, cœurs de la République »

    Les années passent. Les défis sont toujours là. On se souvient en effet tous de l’Appel de Grigny, lancé en 2017 par une centaine de maires pour défendre les quartiers populaires de leurs communes face aux coupes budgétaires du gouvernement. Huit ans plus tard, la mobilisation est toujours bien vivante.

    Ce jeudi 13 mars, les associations du bloc communal ont organisé une matinée d’échange et de débats à Épinay-sous-Sénart dans le département de l’Essonne. L’événement, baptisé « Les villes, les quartiers, cœurs de la République », a rassemblé des représentants d’associations et de grandes fédérations sportives, des maires, des députés et sénateurs ainsi que deux ministres. L’occasion de lancer un nouvel appel pour faire connaître au gouvernement leurs attentes sur la méthode et les contenus des futures politiques de la ville et de cohésion sociale et urbaine.

    Avec l’appel d’Épinay, le besoin de faire bloc

    Un an après la signature des premiers nouveaux contrats de ville (CIV) et à l’approche d’un nouveau comité interministériel des villes, les associations du bloc communal ont voulu démontrer leur détermination. Derrière l’initiative d’Épinay-sous-Sénart, on retrouve les associations bien connues : France urbaine, l’AMF, Ville & Banlieue, l’APVF, Villes de France, Intercommunalités de France et l’AMIF.

    8% de la population vivent dans ces quartiers

    L’un des principaux enjeux est bien évidemment financier. Les communes et intercommunalités doivent en effet faire face à une situation budgétaire critique, sans perspectives d’amélioration. Les associations craignent l’extinction silencieuse de la politique de renouvellement urbain, alors que les attentes pour transformer les quartiers n’ont jamais été aussi grandes. L’appel d’Épinay-sous-Sénart a été l’occasion de rappeler que très concrètement, le budget de la politique de la ville a été réduit à 609 millions d’euros pour l’année 2025. Pour Gilles Leproust, également président de l’Association des maires Ville & Banlieue de France, ce choix budgétaire « soulève des questions sur les réponses que l’État apportera aux 8% de la population vivant dans ces quartiers ».

    Entre inégalités territoriales et dégradation des quartiers

    Il n’y a pas que les finances qui sont à la peine. Les inégalités territoriales se creusent aussi et la situation dans les quartiers se dégrade. C’est pourquoi les associations appellent le gouvernement à se donner les moyens de mesurer et ajuster son intervention en direction des quartiers prioritaires de la ville. Elles demandent « une feuille de route interministérielle obligeant chaque ministère à mesurer l’atterrissage des crédits dans les quartiers prioritaires ou pour leurs habitants ». Des objectifs chiffrés de réduction de l’inégalité des chances à l’échelle territoriale sont également réclamés.

    L’appel d’Épinay : des leviers d’émancipation

    Une des particularités de cette matinée a été de donner la parole à des représentants d’associations et de grandes fédérations sportives, exprimant ainsi la conviction des organisateurs. Pour le bloc communal en effet, l’éducation, l’accès à la culture, au sport et à l’emploi sont des leviers essentiels pour permettre à chacun de s’émanciper et d’accéder à l’autonomie. Les associations appellent donc le gouvernement à garantir la qualité du service public de l’éducation dans les quartiers et à aligner la géographie d’éducation prioritaire sur les zonages des quartiers prioritaires de la ville. Elles demandent aussi un soutien aux démarches innovantes locales en faveur de l’insertion et de l’emploi, ainsi qu’un engagement pour l’accès à des équipements culturels et sportifs en proximité.

    Conditions de vie et santé dans les quartiers

    Deux tables rondes ont permis ce jeudi d’aborder des thématiques trop souvent mises au second plan, celles des conditions de vie et de la santé dans les quartiers. Il en ressort que l’aggravation de ces dernières nécessite des actions pour permettre à chacun de vivre en bonne santé, en sécurité et dans des conditions décentes. Les associations appellent le gouvernement « à garantir l’accès aux soins de qualité et en proximité, à soutenir les actions de mise en accessibilité des logements sociaux et des espaces publics, et à mieux accompagner les initiatives locales face à la précarité et l’extrême pauvreté ». Elles demandent également un renforcement de la sécurité dans les quartiers et un soutien aux maires dans leur politique de prévention.

    Renouvellement urbain et mixité sociale

    Autre point, les associations appellent le gouvernement à garantir la livraison des projets engagés dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) et à renforcer la participation de l’État en pérennisant des financements pluriannuels. Elles demandent également une compensation intégrale des exonérations et abattements de taxe foncière sur les propriétés bâties sur les logements sociaux en réhabilitation et en QPV.

    Un engagement durable nécessaire

    Les associations appellent enfin le gouvernement à se saisir dans la durée des enjeux liés aux quartiers prioritaires et de l’égalité territoriale. Elles comptent sur la ministre déléguée en charge de la Ville, Juliette Méadel, la ministre en charge du Logement, Valérie Létard, et le président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, Patrice Vergriete, pour porter ce message auprès du Premier ministre. Elles rappellent leur détermination à porter de hautes ambitions pour la politique de la ville et à garantir que les habitants des quartiers prioritaires aient accès aux mêmes droits et services que l’ensemble des citoyens.

    Retrouvez l’Appel d’Épinay en cliquant ici