Insite : « Le service civique permet de recréer du lien dans les villages »

Ancien volontaire Insite devenu salarié de l’association, Baptiste Dubreil incarne le parcours de ces jeunes qui, après avoir vécu six mois dans un village, décident de poursuivre l’aventure. Créateur d’engagement, il accompagne aujourd’hui les communes rurales dans l’accueil de volontaires en service civique. Rencontre avec un acteur de terrain qui œuvre au quotidien pour remettre de l’humain au cœur des territoires ruraux.
Paroles d’élus : Insite, qu’est-ce que c’est ?
Baptiste Dubreil : C’est une association spécialisée sur la ruralité et l’ultra-ruralité avec deux axes majeurs. Elle a un axe plutôt communautaire, « Artisan d’idées ». On y réfléchit autour des questions de ruralité. Le deuxième axe est orienté autour de la jeunesse. Là, on s’appuie sur le dispositif service civique. L’idée ? Faire venir des jeunes pendant six mois dans les villages sur des projets de territoire. C’est extrêmement varié. Ça peut tourner autour de la culture, du patrimoine, du lien social. Insite accorde aussi une importance à la transition écologique et à la valorisation de la biodiversité.
Paroles d’élus : Vous étiez vous-même volontaire. Pouvez-vous nous parler de votre expérience ?
Baptiste Dubreil : En effet, j’étais mobilisé avec une autre volontaire dans un village de 300 habitants au sud de Toulouse, à Salèche, à la frontière avec l’Ariège. Nous avons également travaillé dans un tiers-lieu de proximité qui faisait bar, restaurant, épicerie locale et qui proposait des animations pour les habitants. On a également travaillé sur une partie patrimoine. Aussi, nous avons un peu fouillé dans les archives de la commune. On a essayé de faire une page historique sur le site de la commune. C’était une expérience hyper enrichissante. Et après, il y a eu toutes les rencontres liées au fait de vivre dans un village pendant six mois. Je pense à Gérard, le jeune retraité qui m’a hébergé, ou à Delphine, ma tutrice hyper impliquée dans la vie de la commune. Ce sont des rencontres intenses. Je reviens tous les ans là-bas.
Paroles d’élus : Comment ce dispositif permet-il de recréer du lien ?
Baptiste Dubreil : Je pense que c’est un enjeu fondamental. Surtout aujourd’hui quand on voit dans les centres-bourgs où il y a beaucoup de commerces qui ferment. Il y avait des lieux auparavant de sociabilité où les gens pouvaient se retrouver – ce n’est plus le cas aujourd’hui. On s’appuie sur des dynamiques comme les tiers-lieux ou les espaces de vie sociale. Ils essaient de remettre du lien et du sens dans le quotidien des habitants. C’est hyper important. Le service civique ancre les jeunes quelque part. Il leur permet d’avoir les pieds dans la ruralité. Finalement, c’est important pour grandir.
Paroles d’élus : Quel est votre rôle aujourd’hui à Insite ?
Baptiste Dubreil : Je suis créateur d’engagement. Très concrètement, je prends ma voiture et je vais à la rencontre des élus sur les territoires. On parle de : où en est la commune, des projets en cours et de comment, ensemble, on peut construire des missions attractives pour les jeunes. Une fois ces missions créées, je propose des candidats aux communes. On fait un petit temps ensemble de discussion. Si ça va aux jeunes et à la commune, on lance l’aventure. Je m’occupe de suivre le projet pendant les six mois. Je suis aussi les jeunes sur leur parcours pendant le service civique. Et je prépare l’après-service civique, en termes de formation ou d’insertion professionnelle.
Paroles d’élus : Quel parcours vous a mené à ce poste ?
Baptiste Dubreil : J’ai fait une licence en histoire et relations internationales. Après, j’ai été faire un master à Sciences Po Grenoble sur les collectivités territoriales et la coopération internationale. Mon volontariat s’est transformé en embauche. J’ai eu une expérience professionnelle entre les deux, puis je suis revenu à Insite. L’idée, c’est vraiment de s’ancrer dans son territoire.





