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Sommaire de l’article
    Editorial

    IA et quête de leadership : focus sur la Stratégie nationale pour « faire de la France une puissance de l’IA »

    À quelques jours du Sommet international de l’IA qui doit se tenir à Paris les lundi 10 et mardi 11 février, le gouvernement français vient de publier la stratégie de notre pays dans le domaine de l’intelligence artificielle. Notre pays vise ainsi à rattraper son retard et à se hisser parmi les leaders mondiaux de l’IA. Entre investissements, soutien à l’innovation et formation des talents, focus sur la façon dont la France entend transformer cette vision en réalité.

    FAIRE… de la France une puissance de l’IA

    Dans la course à l’IA, y aura-t-il une 3ème place sur le podium ? Par le passé, le numérique nous a déjà montré que c’était rarement le cas. L’année 2025 commence en tout cas à pleine vitesse avec, chaque jour ou presque, des chiffres dont les ordres de grandeur nous dépassent. Aux 500 milliards annoncés par Trump le 21 janvier dernier pour le projet Stargate, « l’irruption subite de Deepseek, la météorite chinoise » ; pour reprendre l’expression du Premier Ministre dans l’édito du dossier de presse intitulé « Faire de la France une puissance de l’IA » et publié jeudi 6 février ; a fait perdre à Nvidia, leader dans le domaine des processeurs graphiques (GPU), 17 % de sa valeur boursière, soit une perte de 589 milliards de dollars (565 milliards d’euros) en une seule journée.

    La France au sommet ?

    Et selon PANews, DeepSeek aurait dépassé les 20 millions d’utilisateurs actifs quotidiens en seulement 20 jours. Rappelons qu’il a fallu environ 10 ans à Netflix pour atteindre ce chiffre… Alors que la France s’apprête à accueillir le Sommet de l’IA et avec lui son lot de chefs d’État et de patrons de la Tech, le gouvernement vient de publier ce qui doit faire office de « troisième étape dans sa stratégie nationale pour l’intelligence artificielle ». La leçon à tirer de l’événement DeepSeek ? Faute d’avoir une capitalisation aussi importante qu’outre-Atlantique, rattraper le retard en misant sur une technologie de rupture reste un coup à jouer ! Et la France dans tout ça ? Focus aujourd’hui sur la stratégie nationale pour l’intelligence artificielle tout juste mise à jour.

    L’IA, on en PARLE depuis longtemps

    L’Europe va-t-elle se contenter de créer le code de la route quand d’autres créent la roue ? s’interrogeait ce jeudi David Lisnard lors du Congrès des Villes Internet. La métaphore a le mérite d’être particulièrement parlante. Le dossier de presse, publié jeudi, vient concrétiser ce qui est présenté comme la « 3ème phase ». Car oui, à ceux qui seraient passés à côté ou qui l’auraient oublié, « la France s’est lancée dans la course dès 2017, en se dotant d’une stratégie nationale ambitieuse », explique François Bayrou en introduction du document « Faire de la France une puissance de l’IA ».

    Le risque d’une nouvelle fracture numérique

    Et le Premier Ministre de rappeler à tous : « La première phase, l’allumage, a permis de créer un environnement propice à la recherche scientifique. La deuxième phase a rendu possible la diffusion de l’IA à travers l’économie. La troisième phase, dans laquelle nous entrons, vise à mettre l’intelligence artificielle sur orbite, à la diffuser plus largement encore dans toute la société, et à accompagner les Français pour que les bouleversements que provoque l’IA ne créent pas une nouvelle fracture numérique ».

    Quel bilan tirer de ces 8 ans ?

    Le document insiste sur « la reconnaissance mondiale » acquise par la France dans le domaine de l’intelligence artificielle. Une ascension qualifiée de « rapide ». La raison ? Une dynamique d’innovation soutenue et des levées de fonds record. Ajoutez à cela l’implantation de grands acteurs internationaux. L’écosystème français de l’IA « se développe et se structure à un rythme sans précédent ».

    Des indicateurs positifs

    Ainsi, la France occupait en 2023 la 3ème place du Global AI Vibrancy Ranking de Stanford concernant la recherche, la formation et les infrastructures pour l’IA. De même, elle « est passée de la 13ème place en 2023 à la 5ème place en 2024 dans le Global AI Index ». D’autres chiffres ? Elle est le 3ème pays au monde en nombre de chercheurs spécialisés en IA et compte en 2025 plus de 1 000 startups dans l’IA dont des pépites comme Mistral, H, Poolside. En 4 ans, la France a doublé leur nombre. Autres chiffres : ces startups ont levé 1,9 milliard d’euros sur l’année 2024. De plus, 50 % de ces startups sont déjà rentables ou envisagent de l’être dans les 3 ans.

    2,5 milliards d’euros investis

    Depuis 2018, plus de 2,5 milliards d’euros ont été investis dans la recherche et la technologie. Concrètement, la première phase de la Stratégie nationale de l’IA (2018-2022), dotée de 1,5 milliard d’euros, a permis de structurer un solide écosystème de recherche. Depuis 2022, la deuxième phase, soutenue par 1 milliard d’euros via le plan d’investissement France 2030, vise à faire de cette technologie un levier de transformation pour nos processus de production et d’innovation.

    4 priorités pour faire de la France une puissance de l’IA

    La France poursuit et renforce sa stratégie nationale pour l’intelligence artificielle à travers le lancement d’une troisième étape synthétisée dans un document d’une trentaine de pages. Via le plan France 2030, le gouvernement vient d’acter la volonté de notre pays à investir autour de quatre priorités. Il s’agit en premier lieu de « renforcer nos infrastructures de calcul et les maillons critiques de la chaîne de valeur de l’IA ». À cela s’ajoute la volonté de « former et attirer les talents de l’IA pour cultiver notre meilleur avantage compétitif ».

    Le troisième axe concerne l’accélération des usages de l’IA. Enfin, il est question de « donner les moyens de bâtir l’IA de confiance ». Il est précisé également que cette stratégie « s’articule avec la Boussole de Compétitivité». Elle a été annoncée par la Commission européenne fin janvier 2025..

    5,7 millions d’agents publics concernés

    Le sommet IA devrait être l’occasion de plusieurs annonces. Il a ainsi déjà été question jeudi dernier d’un grand plan de déploiement d’outils d’IA générative. Comme le rapporte notre confrère Olivier Devillers pour Localtis, Laurent Marcangeli, ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, a annoncé lors d’un point presse vouloir « proposer aux 5,7 millions d’agents publics un agent conversationnel sécurisé, équivalent de ChatGPT». Il permettra  d’effectuer des recherches et de préparer des courriers.

    Ce chiffre inclut les agents des collectivités territoriales. Un autre point devrait engendrer pas mal d’interrogations. 35 sites en France métropolitaine, présentés comme « adaptés aux projets de datacenters en fonction de leurs caractéristiques (énergie, surface foncière, disponibilité) », ont été identifiés. Si la liste n’est pour le moment pas connue, on sait qu’elles se déploient sur des surfaces allant de 18 à 150 hectares. Alors encore un peu de patience…

    Pour accéder directement à « faire de la France une puissance de l’IA », c’est ici.