Eurêka’Incub, l’incubateur de projets culturels
Cap aujourd’hui sur Val de Garonne Agglomération en Nouvelle-Aquitaine pour découvrir un tout nouvel incubateur un peu particulier… Territoire d’accueil de plusieurs événements culturels au rayonnement international, comme Garorock ou le Festival de Journalisme, la collectivité s’est dotée d’un nouveau programme d’accompagnement de jeunes pousses dans le secteur culturel. Pour en savoir plus sur ce programme, Paroles d’Élus a pu interroger René Zaros, vice-président de Val de Garonne Agglomération, en charge du Développement économique.
Paroles d’Élus : Avant Eurêka’Incub, il y avait déjà à VGA des pépinières d’entreprises baptisées Eurêka. Pourquoi ont-elles été créées ?
René Zaros : L’activité économique de notre territoire fut pendant longtemps basée sur la production de tabac. Beaucoup d’emplois dépendaient directement de ce secteur. En 2000, la SEITA, un des leaders du marché, a fermé définitivement son usine dans le centre-ville de Tonneins. Au plus fort de l’épopée de celle qui était surnommée la « Manu », pas moins de 1 200 ouvriers et ouvrières y travaillaient. Pendant presque 20 ans, nous avions donc 2 hectares et demi de friches qu’il a fallu requalifier. Nous avons alors mis en place des pépinières d’entreprises, dont la destinée était d’accueillir de jeunes entreprises, avec l’ambition qu’elles restent sur le territoire une fois qu’elles ont passé trois ans en pépinière.
Paroles d’Élus : Les pépinières ont-elles fonctionné comme vous l’espériez ?
René Zaros : Oui. Lorsqu’elles atteignent une maturité suffisante, elles s’installent ensuite dans les zones d’activités que nous avons créées. Aujourd’hui, Eurêka est un vrai succès puisque plus de 80 % des entreprises ayant été en pépinière s’installent effectivement sur nos zones d’activités.
Paroles d’Élus : Avec Eurêka’Incub, Val de Garonne Agglomération se dote d’une nouvelle corde à son arc. Quelle est sa genèse et sa particularité ?
René Zaros : Eurêka’Incub est un incubateur un peu particulier. Il vient d’être inauguré le 10 octobre dernier. Le point de départ remonte à deux ans, lorsque nous avons travaillé sur notre feuille de route économique. Accompagnés par l’Université de Bordeaux, nous avons réfléchi aux opportunités qui pouvaient s’ouvrir spécifiquement dans l’industrie culturelle et créative. En effet, nous avions déjà des piliers comme Garorock ou le Festival de Journalisme. Nous avions l’intuition que nous pouvions nous adosser à eux pour créer quelque chose de nouveau. Par exemple, Garorock, qui se déroule sur la plaine de la Filhole à Marmande, soulève beaucoup de questions : approvisionnement, gestion des déchets, eau, accès au réseau numérique, etc.
Paroles d’Élus : Quelles structures seront incubées et comment les avez-vous choisies ?
René Zaros : L’objectif de cet incubateur est de faire mûrir des idées qui portent une dimension d’innovation et d’écologie. Nous avons donc lancé un appel à projets il y a quelques mois, centré sur l’amélioration des festivals, que ce soit en matière de restauration, de gestion des déchets, de transport, d’hébergement ou de sécurité. Cet appel à projets nous a permis de recevoir des propositions d’une vingtaine de jeunes porteurs d’idées. Nous en avons retenu sept, que nous avons jugés les plus efficaces à appliquer dans l’industrie créative et culturelle.
Paroles d’Élus : Comment sont accompagnées ces 7 structures lauréates d’Eurêka’Incub?
René Zaros : Ces sept projets sont accompagnés financièrement, avec une bourse de 1 000 € par mois pendant les huit premiers mois. L’incubateur comporte aussi un volet montée en compétences, grâce à l’intervention d’experts en matière commerciale, fiscale, comptable et communication.
Paroles d’Élus : Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
René Zaros : Les enjeux sont assez divers. Ainsi, l’un des projets vise à lutter contre le harcèlement, notamment dans les lieux festifs. Cela prend la forme d’une application mobile proposée par un jeune entrepreneur. Nous avons également un projet de signalétique écologique, utilisant des matériaux de réemploi inscrits dans l’économie circulaire. Un autre projet se concentre sur l’amélioration des files d’attente pour les boissons, avec un distributeur innovant capable de servir une vingtaine de personnes en quelques secondes. Enfin, il y a aussi un projet sur la valorisation des déchets alimentaires.
Paroles d’Élus : Est-ce que ces projets pourront être testés dans les festivals ?
René Zaros : C’est en effet l’idée. Pouvoir tester en grandeur nature. Ainsi, ils seront mis à l’épreuve lors des prochains festivals, notamment Garorock et le Festival de Journalisme. Les porteurs de projets auront l’occasion de les tester en conditions réelles lors de l’édition prochaine, fixée début juillet 2025. Nous allons concrètement les intégrer dans un « village de l’emploi », une autre innovation que nous avons lancée. Cela peut sembler étrange d’inclure un village de l’emploi dans un festival, mais cela attire beaucoup de jeunes, souvent étudiants, préoccupés par leur avenir.
Paroles d’Élus : Quels sont vos partenaires ?
René Zaros : Pour créer un incubateur de ce style, il faut être accompagné. Je vous ai parlé de l’Université de Bordeaux, mais il y a aussi Bordeaux Technowest, qui gère un incubateur similaire à Bordeaux. Nous avons également reçu le soutien d’entreprises locales, comme LISI Aerospace, qui a financé une partie des bourses. Enfin, il y a aussi l’appui financier du Conseil Régional d’Aquitaine et de la Banque des Territoires.