Partagez cet article
Sommaire de l’article
    Applications & usages

    [Entretien] Mathieu Hazouard : « La région Nouvelle-Aquitaine soutient les jeunes pousses de la SportTech »

    Le 2 juillet dernier, lors d’une journée de rencontre et d’échanges avec l’écosystème du Sport et numérique,  la Région Nouvelle-Aquitaine a annoncé différentes nouvelles mesures pour soutenir cette jeune filière. Particulièrement présents sur ce territoire où l’on pratique autant des sports de glisse, la navigation que du BMX, les jeunes pousses de ce secteur en pleine expansion y trouvent toutes les conditions pour se développer. Pour en savoir plus, nous sommes allés poser quelques questions à Mathieu Hazouard, conseiller régional délégué à l’économie numérique et au très haut débit. 

    Paroles d’Elus- Pourquoi la Région s’intéresse-t-elle à la SportTech?


    Mathieu Hazouard–  Mon rôle est de faire le pont avec l’ensemble des autres politiques publiques du conseil régional et de me demander comment le numérique peut irriguer tous ces domaines. Aussi, avec ma collègue Nathalie Lanzi, Vice-présidente en charge de la jeunesse, de la culture, du sport, nous avons mené un certain nombre d’échanges avec les acteurs du domaine, que ce soit les Fédérations et les  Ligues, les clubs pro et amateurs. Parallèlement, nous avons constaté qu’un certain nombre de PME et de start up s’orientaient vers des marchés à dimensions sportives et ne demandaient qu’à être soutenues. Le constat s’est imposé de lui-même, nous avons en Nouvelle-Aquitaine un terreau intéressant  pour faire naitre une démarche sport et numérique. Nous sommes donc dans notre rôle de collectivité, à savoir soutenir l’économie et l’innovation numérique.

    PDE – Par quels dispositifs passera le soutien de la Région ?


    MH- La stratégie de soutien de la Région se construira progressivement autour des deux premières briques que nous avons annoncées le 2 juillet dernier. D’un côté, nous avons lancé un appel à projet Sport Tech, voté en assemblée plénière à la fin juin. De l’autre, nous lançons la création d’un incubateur dédié Sport et numérique.

    PDE – Quelle forme prendra cet incubateur ?


    MH- Nous avons dans notre région, une histoire et une culture forte d’accompagnement et de soutien des jeunes entreprises via notamment l’action des technopoles. Un certain nombre d’entre elles ont pu bénéficier de structures d’accompagnement comme par exemple Unitec, présente depuis 20 ans. Nous avons aussi une maison régionale des sports, propriété du Conseil Régional et dans laquelle nous accueillons des Comités, Ligues et le Comité Olympique sportif.

    Or, dans cette maison, des locaux étaient libres au dernier étage. C’est là que seront accueillies les start up. Cette proximité va leur permettre d’être au contact direct avec le monde sportif. Par ailleurs, elles bénéficieront d’un programme d’incubation via l’appui justement d’Unitec sur la partie économique.

    PDE- A qui s’adresse cet incubateur ?


    MH-
    Nous venons de lancer un appel à candidature pour faire en sorte que des porteurs de projets puissent se manifester. Il n’y a pas nécessairement besoin d’un statut juridique d’entreprise. On peut simplement sortir de l’école ou être soi-même sportif. Les porteurs de projets peuvent candidater jusqu’au 15 janvier prochain. Nous en sélectionnerons entre 4 et 8.

    PDE- Qu’en est-il de l’appel à manifestation d’intérêt ?


    MH-
    L’AMI SportTech a un double objectif. D’un côté, il s’agira d’accompagner la transformation numérique du monde sportif en apportant de nouveaux outils, à des clubs pro ou amateurs, fédérations et ligues ou même des lycées avec des sections sportives scolaires. L’objectif est en effet d’améliorer grâce au numérique, la performance sportive, en dotant par exemple des entraîneurs de nouveaux outils permettant de mesurer la performance.

    Mais d’un autre côté, l’enjeu est aussi de permettre à nos start up, implantées sur le territoire, de trouver de nouvelles opportunités de marché.

    Les exemples dans le domaine sont déjà nombreux. Le colloque du 2 juillet dernier a aussi été l’occasion d’échanger avec certains sportifs professionnels. Manon Valentino,  Championne de France de BMX nous a ainsi présenté les nouvelles possibilités offertes par le numérique lors de ses entrainements. Pour gagner en impulsivité lors du départ, elle utilise par exemple des capteurs. Grâce à eux, elle a amélioré grandement son départ alors que c’était son point faible.
    Cet AMI va ainsi nous permettre de répondre à une palette très large de destinataires, allant des amateurs aux  professionnels en passant même par les supporters et spectateurs. C’est aussi un moyen de conforter l’action publique dans l’idée que nous avons du sport, c’est-à-dire pour tous, incluant notamment le handicap et la pratique large du sport bien être.

    PDE- Pensez-vous qu’au niveau européen et mondial, il y ait de la place pour les jeunes acteurs français ?


    MH- Oui et plutôt deux fois qu’une. Et cela n’est pas seulement vrai dans le domaine du sport. On le voit très bien, quand ils se lancent, les start up sont rapidement en concurrence avec des géants américains ou chinois. Les français peuvent tirer leur épingle du jeu et s’imposer. Je peux m’en rendre compte personnellement lors de grands rassemblements, comme par exemple au CES de Las Vegas où la Région accompagne une délégation de start up et d’entrepreneurs du territoire. Aujourd’hui, dès lors que leur savoir-faire est précis et qu’elles ont trouvé leur marché, il n’y a aucune difficulté pour qu’elles soient bien armées et qu’elles puissent lutter.

    De plus, elles ont pour certaines la capacité d’étendre leur marché. Je pense par exemple à By the Wave, une start up landaise  qui développe depuis janvier 2017 un boîtier permettant d’analyser les performances des surfeurs ; non seulement, elle s’attaque cette année au marché américain mais elle s’ouvre progressivement à d’autres sports de glisse.