[Congrès AMRF] Nos élus, ces sportifs de haut niveau (1ère partie)

Romain Mesnil, vice-champion du monde de saut à la perche et aujourd’hui Directeur des relations avec les collectivités locales de la Vienne et des Deux-Sèvres chez Orange, et Bernard Gauthier, maire de Perrusson et ancien professeur d’EPS, se prêtent au jeu de l’entretien croisé. Entre sport de haut niveau, management d’équipe et engagement d’élu, ils partagent leur vision de la performance. Objectifs, persévérance, plaisir et empathie : autant de valeurs qui transcendent leurs univers respectifs.
Paroles d’élus : Romain Mesnil, après une carrière de sportif de haut niveau, vous avez des responsabilités managériales. Quel lien faites-vous entre ces deux mondes ?
Romain Mesnil : Il y a des liens forts entre le sport de haut niveau et le monde de l’entreprise. On a des échéances, on a des objectifs. J’ai gardé des réflexes de sportif de haut niveau dans ma carrière. Par exemple, réussir à garder les objectifs en tête et à franchir les obstacles. Dans le sport de haut niveau, on a toujours un objectif très clair. Cet objectif, on l’a toujours en ligne de mire, quoi qu’il se passe.
Paroles d’élus : Bernard Gauthier, vous avez été professeur d’EPS toute votre vie avant de devenir maire. Comment ces deux parcours se rejoignent-ils ?
Bernard Gauthier : Il y a plusieurs ressemblances. J’avais l’objectif, dès l’entrée en sixième, de devenir prof d’EPS. Sur le parcours, il faut avoir un objectif à long terme. Ensuite, avoir des objectifs progressifs dans le temps. C’est comme une échelle : il y a le haut de l’échelle et puis il y a les marches. On ne veut pas tout de suite devenir président de la République. Il faut voir loin et avoir les compétences.
Paroles d’élus : La persévérance semble être un point commun entre vous deux…
Romain Mesnil : Oui, la persévérance et ce côté objectif sont essentiels. Après, il y a la préparation, bien sûr, à la fois physique et mentale.
Bernard Gauthier : Pour être un sportif de haut niveau, c’est de l’entraînement, de l’entraînement, de l’entraînement. Et dans la voie professionnelle, c’est du travail, du travail, du travail.
Paroles d’élus : Et pour un maire ?
Bernard Gauthier : De l’apprentissage, de l’apprentissage. Faire des réunions, assister aux conférences, aux visios. Pour moi, c’est très important. Ça permet d’enrichir ses compétences, de développer ses compétences.
Paroles d’élus : Romain Mesnil, votre reconversion sportive a-t-elle été difficile ?
Romain Mesnil : La carrière se termine, donc on est déjà en retraite sportive, et puis il faut réussir à travailler. Ce qui est difficile à retrouver, c’est le plaisir. Quand on fait du sport, c’est de la passion. Quand on reprend un travail, ce n’est pas forcément une passion. Mais c’est toujours garder en tête ce plaisir. Même dans le sport de haut niveau, pour être performant, c’est garder en tête ce plaisir. Finalement : est-ce que je me lève ce matin ? Est-ce que je suis content de me lever ?
Paroles d’élus : Cette notion de plaisir, elle existe aussi dans vos fonctions de maire, Bernard Gauthier ?
Bernard Gauthier : Absolument, c’est indispensable. Sinon, on ne fait pas ce métier. Si le matin, on se lève et on va à la mairie en reculant, ce n’est pas bon signe. Il faut avoir cette notion du bien commun. Et puis aimer les gens. Aimer les gens, rendre service. Souvent, quelqu’un vient demander un renseignement d’urbanisme. Le rendez-vous dure une heure parce que cette personne a parlé de ses problèmes. C’est un réel plaisir quand on retrouve quelqu’un à qui on a donné un conseil, qui l’a suivi et qui a arrangé sa vie.
Paroles d’élus : Mais la fonction de maire n’est pas toujours facile…
Bernard Gauthier : C’est plus une passion. Je pense que si ce n’est pas une passion, il ne faut pas le faire. On est sous les feux de la rampe 24 heures sur 24. Dans les petites communes, on n’est pas trop souvent dérangé la nuit, mais ça arrive. J’ai vu deux maisons brûler, dont une avec un couple de handicapés qui ont péri dans l’incendie. À une heure du matin, en plein hiver… C’est violent.
Paroles d’élus : Romain Mesnil, quel conseil donneriez-vous pour allier performance, rigueur et engagement ?
Romain Mesnil : Sur la performance, je pense que pour un élu et dans le cas de mes fonctions de directeur, c’est l’empathie. Je pense que l’empathie est très importante. Être à l’écoute. Mon rôle, c’est d’être auprès des élus. C’est l’empathie vis-à-vis des élus et l’empathie vis-à-vis de nos équipes aussi. Il faut bien les comprendre. C’est notre rôle de rassembler ce monde pour aller de l’avant et être performant dans le plaisir.