Comment les élus normands explorent les usages futurs de l’IA pour leurs territoires

Face aux défis de la gestion territoriale et aux fluctuations imprévisibles des flux touristiques sur la côte normande, l’Union des maires du Calvados et Orange expérimentent ensemble les potentialités et usages de l’IA. Une démarche exploratoire prometteuse qui pourrait révolutionner l’anticipation des besoins en services publics. Témoignages croisés d’Olivier Paz, maire de Merville-Franceville-Plage et président de l’Union des maires du Calvados, et de Nicolas Guérin, secrétaire général du Groupe Orange.
Un partenariat historique au service de l’innovation territoriale
L’Union des maires du Calvados entretient depuis plusieurs années un partenariat privilégié avec Orange, bien au-delà des seules infrastructures de télécommunications. « C’est véritablement un partenariat pour faire en sorte qu’Orange puisse apporter son savoir-faire aux maires du Calvados », explique Olivier Paz. Cette collaboration s’inscrit dans une logique d’innovation territoriale où l’opérateur ne se contente plus de déployer des réseaux, mais accompagne les collectivités dans leur transformation numérique. Cette approche partenariale témoigne aussi d’une évolution des relations entre secteur privé et collectivités locales, où la co-construction de solutions devient la norme pour répondre aux enjeux spécifiques des territoires.
De la théorie à la pratique : identifier les cas d’usage concrets
« L’IA, on en parle beaucoup, mais moi j’aime bien les solutions concrètes », affirme le maire de Merville-Franceville-Plage. C’est ainsi que naît la réflexion autour de la gestion des ordures ménagères, problématique éminemment concrète pour les communes côtières. L’équation est complexe : comment anticiper le nombre de camions et de rotations nécessaires quand on ne sait jamais si le beau temps amènera 100 000, 200 000 ou 300 000 personnes sur la côte normande ?
Cette approche pragmatique illustre parfaitement la méthode des élus calvadosiens : partir des besoins terrain pour explorer les potentialités technologiques, et non l’inverse.
L’agrégation de données : vers une prédiction fine des flux
Le cheminement avec Orange et une start-up spécialisée a permis d’affiner progressivement la demande. L’objectif s’est cristallisé autour de la prédiction des flux touristiques grâce à l’agrégation de multiples sources de données : passages autoroutiers via la SANEF, réservations Airbnb, prévisions météorologiques ultra-précises, événements programmés sur le territoire.
« Avec une météo qui est aujourd’hui infiniment plus précise que ce qu’elle était il y a 30 ans », souligne Olivier Paz. Cette convergence technologique permet d’envisager des prévisions à 10 jours, ouvrant des perspectives inédites pour l’organisation des services municipaux et intercommunaux.
Applications et usages de l’IA multiples : de l’eau potable aux déchets
Les applications concrètes de cette intelligence artificielle prédictive sont multiples. Au-delà de la gestion des ordures ménagères, elle permettrait d’anticiper les besoins en eau potable, d’optimiser l’assainissement, et plus globalement d’adapter l’ensemble des services publics aux variations de population.
Cette approche systémique transforme donc la gestion réactive traditionnelle en gestion prédictive, offrant aux élus une visibilité inédite pour planifier leurs politiques publiques locales.
Orange : bien plus qu’un opérateur, un partenaire technologique global
« La capacité d’Orange est de fournir ce bout en bout », précise Nicolas Guérin. L’opérateur propose un accompagnement complet : infrastructures, plateformes de gestion de données, services de cybersécurité, solutions d’IA clé en main, et formation des agents territoriaux.
Co-constuire les usages futurs de l’IA répond en effet aux besoins des collectivités qui ne peuvent pas toujours développer en interne les compétences techniques nécessaires. Orange Cyber Campus illustre cette volonté d’accompagnement dans la durée, notamment sur les enjeux cruciaux de cybersécurité.
Vers une généralisation du modèle normand ?
L’expérimentation calvadosienne pourrait faire école. La méthode – partir d’un besoin concret, expérimenter avec un partenaire technologique, affiner progressivement la solution – semble transposable à d’autres territoires et d’autres problématiques.
Cette démarche illustre également l’émergence d’une nouvelle génération d’élus, pragmatiques face aux technologies émergentes, ni technophobes ni techno-béats, mais soucieux de mettre l’innovation au service de l’efficacité publique.