Questions à Caroline Zorn, Vice-Présidente de l’Eurométropole de Strasbourg
L’édition 2024 de l’université du secteur des infrastructures numériques s’est démarquée à plus d’un titre. À commencer par le changement de nom en « Université de la Transition Numérique des Territoires » qui symbolise l’évolution des priorités. L’écosystème se concentrent désormais pleinement sur les nouveaux enjeux des territoires connectés, qu’il s’agisse de numérique et d’environnement, d’intelligence artificielle, de datacenters, de jumeaux numériques ou encore de la directive NIS 2. À l’occasion de cet événement, Paroles d’élus est allé à la rencontre de Caroline Zorn, Vice-Présidente de l’Eurométropole de Strasbourg en charge de l’Enseignement supérieur, recherche, vie étudiante, métropole numérique et innovante.
Paroles d’élus : En quoi Strasbourg était un choix emblématique pour cette 1ère édition de l’UTNT ?
Caroline Zorn : On passe en effet de l’université très haut débit à la transition numérique, et c’est super intéressant que Strasbourg soit la ville de cette première fois. Ici, depuis longtemps, nous avons cette envie et cet engagement politique, notamment de la région, de fibrer et d’apporter Internet à tous les habitants du Grand Est.
Paroles d’élus : Sobriété et numérique sont-il selon vous compatible ?
Caroline Zorn : Un élément important, quand on parle d’environnement et de sobriété liée au numérique, est de ne pas oublier que la sobriété, si elle n’est pas accompagnée d’une politique de solidarité et de liberté numérique, sera difficile à déployer et pourra sembler injuste. Il y a évidemment un enjeu environnemental dans le déploiement du numérique. Nous arrivons aujourd’hui à la fin de la période de déploiement ; néanmoins, il reste la maintenance, et, au fur et à mesure, il faudra entretenir le réseau. Va-t-on décider d’utiliser des matériaux recyclés ? Va-t-on adopter une logique de reconditionnement pour certains équipements ? Vise-t-on une réduction ou un remplacement à l’identique ?
Paroles d’élus : Quels outils sont à la disposition de votre collectivité pour encourager un numérique plus durable ?
Caroline Zorn : À Strasbourg, nous avons un Schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables (SPASER), dont je suis personnellement très heureuse. En Alsace, ce Spaser permet de promouvoir des achats responsables, ce qui est important dans le domaine du numérique, car le mieux-disant est souvent synonyme d’économie. Aujourd’hui, nous devons mettre en avant une approche forte et volontaire sur la dimension environnementale. Dans le numérique, la question environnementale a trop longtemps été passée sous silence. On parle souvent de dématérialisation, mais le numérique n’a rien d’immatériel : c’est de l’infrastructure, ce sont des réseaux, des applications, et surtout des équipements numériques qui, comme nous le savons, représentent la plus grande part de l’empreinte carbone.
Paroles d’élus : Comment abordez-vous les obligations liées à la loi REEN ?
Caroline Zorn : L’empreinte carbone, c’est avant tout nos équipements. Nous avons des obligations légales avec la loi REEN pour les collectivités de plus de 50 000 habitants. Cependant, même les petites collectivités doivent s’inscrire dans cette démarche, au fur et à mesure, bien que cela soit parfois compliqué quand elles ne peuvent pas s’appuyer sur leur EPCI. La mise en réseau, via des associations d’élus, comme Les Interconnectés, la commission numérique de France Urbaine, Ville Internet, ou encore l’ANET, est essentielle pour permettre aux élus d’échanger. À Strasbourg, j’ai la chance de travailler avec une collectivité engagée et qui investit sur ces questions. Néanmoins, nous restons friands d’échanges. Aussi, je vous invite, élus, si vous le souhaitez, à venir discuter et à envisager des mutualisations de solutions pour des villes de taille comparable. Le numérique est une affaire politique, et donc, il nous concerne, nous, élus.