Bpifrance se tourne vers la Deep Tech
En plein salon CES de Las Vegas, arrêtons-nous aujourd’hui un instant sur un organisme important pour l’essor des start-up tricolores : Bpifrance. Créée en 2002, la Banque publique d’investissement a pour mission d’accompagner la croissance et l’internationalisation des entreprises en finançant l’innovation. Particulièrement mobilisée dans le soutien aux jeunes pousses, elle propose une palette de solutions adaptée à leurs besoins de financement. Dans les mois à venir, la Bpi souhaite accélérer ses investissements dans un secteur d’avenir, la Deep Tech.
La Deep Tech, qu’est-ce que c’est ?
Derrière ce mot, on regroupe toutes les entreprises qui proposent des produits ou des services sur la base d’innovations de rupture. En clair, elles s’attaquent à certains sujets considérés comme des grands défis du XXIe siècle, tous domaines confondus.
La fin d’un cycle ?
Alors que l’innovation, cette dernière décennie, émanait surtout des nouveaux usages et de l’amélioration des smartphones, il est stratégique, pour la Banque publique de miser sur un autre domaine. Le 30 janvier prochain, la Bpi présentera justement son plan Deep Tech avec un objectif clairement affiché, celui d’amplifier « les relations entre les laboratoires de recherche et les entreprises pour faire émerger des sociétés de technologie ». Pour Paul-François Fournier, le directeur de l’innovation de Bpifrance, ce changement stratégique correspond à la fin d’un cycle. Il est temps de « revenir vers les biotechnologies, le stockage d’énergie ou l’intelligence artificielle ».
Savoir investir au bon endroit
Les sommes en jeu sont loin d’être négligeables. La Bpi souhaite en effet consacrer à la Deep Tech 70 millions d’euros chaque année grâce au rendement du Fonds pour l’Innovation et l’Industrie. Les entrepreneurs pourront compter également sur le dispositif « French Tech Seed » annoncé à Metz en juin dernier et doté de 400 millions d’euros, issus du troisième volet du Programme d’Investissements d‘Avenir (PIA 3). Il permettra également de mieux financer les projets Deep Tech en phase d’amorçage. Bref, de quoi faire émerger de nouvelles pépites dans un domaine où la France est plutôt bien placée.
La France, tête de pont de la Deep Tech
Si la Bpi mise sur la Deep Tech, c’est que les chiffres parlent d’eux-mêmes : 61 % des investisseurs classent la France dans le Top 5 des destinations pour investir dans la Deep Tech. Autre chiffre important, 88 % d’entre eux pensent que la croissance des start-up françaises dans ce domaine sera plus importante que celle du reste de l’Europe.
Comment expliquer ce quasi consensus ? Un vivier de talents reconnus au niveau international, des infrastructures importantes pour la recherche publique et d’incubation ainsi que la présence du réseau SATT y sont assurément pour quelque chose. Ce dernier permet en effet de simplifier et d’accélérer le transfert des innovations entre le publique et les entreprises. Grâce à lui, les recherches ont débouché sur la création de 256 entreprises ces cinq dernières années, dont 59 % développent des technologies de rupture.
L’exemple d’OliKrom
OliKrom est un exemple significatif de la réussite française dans ce domaine. On doit son origine aux travaux de Jean-François Létard, ancien directeur de recherches au CNRS, menés au sein de l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux. Grâce à ces derniers, OliKrom a mis au point des pigments capables de changer de couleur en fonction des modifications de leur environnement. Ainsi, on peut réaliser de manière visuelle des changements de température ou de luminosité ou encore la présence d’un solvant ou d’un gaz par exemple. Avec cette innovation de rupture, les applications semblent presque infinies, on peut par exemple limiter les défaillances techniques des avions en repérant certaines pièces qui auraient trop chauffé.