Femmes de terrain avec Nathalie Nieson, Maire de Bourg-de-Péage et membre de l’Apvf

Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans Femmes de Terrain, le podcast qui met en lumière celles qui transforment nos territoires au quotidien. Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir Nathalie Nieson, maire de Bourg-de-Péage, une élue engagée qui œuvre depuis trois mandats comme maire pour sa commune. De sa formation à son engagement politique, elle nous partage ses expériences et ses projets pour sa ville. Restez avec nous pour une discussion riche et inspirante avec une femme de terrain.
Paroles d’élus : Merci beaucoup pour le temps que vous nous consacrez pour ce podcast. Femme de terrain, est-ce que l’on peut peut-être tout d’abord revenir sur votre parcours ? Je crois que vous êtes née à Lyon, c’est bien ça ?
Nathalie Nieson : Exactement, quand je suis arrivée dans la Drôme et dans la ville de Bourg-de-Péage, j’étais une jeune femme mariée qui venait de se marier. Et en fait, mon époux était originaire de cette ville. J’ai l’habitude de dire que la greffe a bien pris.
Paroles d’élus : À quoi vous destiniez-vous avant de devenir maire ?
Nathalie Nieson : J’ai fait le cursus de l’expertise comptable. Je discutais beaucoup avec les chiffres à l’époque. Je travaillais dans le privé avant de me consacrer complètement à mon mandat de maire. Mais l’avantage de mes études et de mon expérience professionnelle, c’est que cela m’a considérablement familiarisée avec les chiffres et les budgets.
Paroles d’élus : Comment avez-vous eu envie de devenir maire ? Comment cela s’est-il passé ? Est-ce qu’un maire est venu vers vous et vous a sollicitée ?
Nathalie Nieson : Là où j’habitais, dans la banlieue lyonnaise, ma maman était elle-même conseillère municipale à ce moment-là. J’avais eu un certain aperçu de ce qu’était l’engagement très jeune. J’ai été attirée par la chose publique, mais par la chose publique à travers des actions citoyennes. J’ai tout de suite mis le pied dans le grand bain en devenant élue à Bourg-de-Péage. Effectivement, quand je suis arrivée dans cette commune, il y a eu un changement de majorité. À l’époque, la personne qui se présentait s’appelait Didier Guillaume. Il était considéré comme un challenger et avait du mal à former son équipe. Il a demandé à des personnes qui n’avaient pas forcément une histoire politique ou une histoire dans la ville de monter sa liste comme il pouvait. J’ai fait partie de l’équipe, et voilà, ça a été le début d’une grande histoire. Ça m’a tout de suite beaucoup plu.
Paroles d’élus : Est-ce qu’il y a d’autres personnes, hommes ou femmes, qui vous ont aussi aidée ? Je vous pose cette question parce que j’ai vu, en préparant cette interview, que vous avez reçu la Légion d’honneur il y a quelques mois, et que c’était un ancien maire, Jean-Félix Pupel, qui vous l’a remise. Est-ce qu’il y a eu différents profils qui vous ont peut-être accompagnée, qui vous ont donné envie d’aller plus loin ?
Nathalie Nieson : Ça a été important, ce type de relation, pour votre propre parcours. Et puis, après, dans ces trois mandats de maire, vraiment, la personne qui m’a lancée en politique, qui m’a donné envie et qui m’a donné ma chance, et qui m’a fait confiance, c’est Didier Guillaume. Il a été présent à mes côtés, mais sans être envahissant dans mon parcours, en me laissant complètement mener ma vie politique et mener mes mandats. Mais c’est assurément lui qui a été mon grand frère politique. C’est lui qui m’a donné envie, qui m’a formée, et j’ai appris beaucoup de choses avec lui.
Paroles d’élus : Vous avez reçu la Légion d’honneur récemment. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette distinction ?
Nathalie Nieson : Effectivement, j’ai reçu la Légion d’honneur, et c’est Jean-Félix Pupel, ancien maire de Bourg-de-Péage, qui me l’a remise. Mais c’est parce que je voulais absolument que ma Légion d’honneur me soit remise à Bourg-de-Péage, à la suite d’un conseil municipal, par une personne en lien avec la commune. Parce que je pense que tout vient de là. Si j’ai eu cette distinction, c’est que la base de tout cela, c’est ma ville, mon engagement en tant que maire de Bourg-de-Péage. C’est la racine de tout. Donc, c’était symbolique pour moi que les choses se passent dans ces conditions.
Paroles d’élus : J’ai vu aussi que vous aviez renoncé à un mandat de député, justement pour vous consacrer pleinement à votre ville. Cette présence au jour le jour sur le terrain, c’est quelque chose qui est important pour vous ?
Nathalie Nieson : J’ai effectivement été députée. Est arrivé le moment où il y a eu le vote du non-cumul des mandats, et là, tout de suite, très clairement, je me suis positionnée en disant que, s’il fallait choisir entre mon mandat de députée et mon mandat de maire, je choisissais mon mandat de maire. Ce qui est très bizarre, c’est qu’au début, les gens ne me croyaient pas. En fait, j’ai vraiment choisi mon mandat de maire. Je l’ai choisi en affirmant clairement les choses, pas en me positionnant en fonction de mes divers succès. C’est un choix vraiment que j’ai fait sans aucune difficulté.
Paroles d’élus : Pourquoi avez-vous choisi de renoncer à votre mandat de députée ?
Nathalie Nieson : Le mandat de députée a été très intéressant, je ne vais pas dire le contraire, mais je me sentais beaucoup plus dans l’action et beaucoup plus utile auprès de mes concitoyens. C’était un mandat beaucoup plus abstrait et beaucoup plus… quelque chose de pas politiquement correct, mais juste, de la politique politicienne. Il y a beaucoup de postures, il y a beaucoup de choix par discipline, quelquefois du dogmatisme, et tout ça ne me convenait pas. J’aime faire de la politique comme on fait dans une mairie, au-delà des clivages politiques, et pour être utile.
Paroles d’élus : J’ai vu également que vous aviez écrit un livre quand vous étiez députée pour expliquer un peu votre quotidien. C’était aussi pour garder des liens avec les concitoyens. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nathalie Nieson : J’ai eu l’opportunité de faire ce livre, « La Députée du coin« , et je me suis dit que ça pouvait vraiment être intéressant parce que j’avais été marquée par quelque chose que j’avais vécu en tant que députée. J’étais allée dans une école pour présenter le mandat de député, et à un moment, les enfants m’ont posé la question : « Où est-ce que je dormais quand j’étais à Paris ? » Et quand j’ai dit : « Ben, je dors dans mon bureau, j’ai un canapé dans mon bureau », l’enseignante était surprise et m’a fait répéter : « Mais vous dormez dans votre bureau ? » Comme si c’était quelque chose d’inimaginable qu’une députée dorme dans son bureau, alors qu’en fait, beaucoup de députés dorment dans leur bureau.
Paroles d’élus : Qu’est-ce qui vous a marquée dans cette expérience avec les enfants ?
Nathalie Nieson : Je me suis dit : « Mais il y a vraiment des idées toutes faites, il y a des a priori. » L’opportunité de ce livre a été pour moi l’occasion d’expliquer un petit peu la manière dont les choses se passent vraiment, au-delà de ce qui se passe dans l’hémicycle, dans les commissions. Le travail politique, c’est tout ce qui va autour.
Paroles d’élus : Si on s’intéresse maintenant au travail justement municipal que vous avez mené sur ces trois derniers mandats, un projet en particulier qui vous tient à cœur ?
Nathalie Nieson : Je pourrais vous parler de la Maison des Associations, je pourrais vous parler du centre-ville, l’extension d’une école. Tout cela est très important, mais s’il y a une réalisation que j’ai faite et qui change profondément la vie des gens, c’est la création d’un espace France Services pour permettre aux gens d’être accompagnés dans leurs démarches administratives et démarches dématérialisées. Nous avons saisi l’opportunité de l’espace France Services, mais bien avant que le concept ne sorte, nous, à Bourg-de-Péage, nous avions décidé de faire un endroit où les démarches administratives et l’accompagnement des gens soient présents et leur permettent de vivre plus simplement, ne serait-ce qu’une déclaration d’impôt dématérialisée. Cet espace ne désemplit pas, et ça, ça touche vraiment très concrètement la vie de mes concitoyens. Et c’est peut-être l’action où il n’y a pas des millions d’euros qui ont été dépensés pour ça, mais c’est une action qui est vraiment très utile.
Paroles d’élus : Merci pour la transition, car sur « Paroles d’élus », on aime parler de numérique et de transformation numérique des territoires. Il y a beaucoup de travail qui a été fait en termes d’inclusion numérique. Est-ce que, tout ce qui se passe au niveau des nouvelles technologies, est-ce que vous ressentez, au niveau de vos concitoyens, une appréhension ou des besoins ?
Nathalie Nieson : L’inclusion numérique, c’est puissant, parce que tout va très vite. La technologie va très vite, l’intelligence artificielle commence à être très présente dans la vie de chacun d’entre nous. Il va falloir savoir la maîtriser, la déchiffrer, la décoder, ne pas se laisser berner, et savoir bien l’utiliser. Malgré toute l’appréhension que cela puisse produire, de toute façon, c’est là, et ça va faire partie de notre quotidien. Donc, il n’y a pas d’autre choix que de s’approprier cette technologie, ce nouveau savoir-faire, et de vivre avec, et au mieux, et de manière la plus positive et la plus saine possible. Et je crois que l’enjeu est là.
Paroles d’élus : Qu’est-ce que cela représente pour vous, une association comme l’APVF, l’Association des Petites Villes de France ?
Nathalie Nieson : C’est une association qui est très importante dans ma vie d’élue. Bien sûr, on croise beaucoup d’élus localement, pas forcément de la même taille de ville que celle de Bourg-de-Péage. Alors, bien sûr, on échange entre nous, mais nous sommes entre nous, en fait, on se connaît par cœur. Et ce que je trouve à l’Association des Petites Villes de France, c’est ce brassage national avec des expériences de maire qui viennent de partout en France. Et avec cette capacité à pouvoir porter la parole qui est la nôtre en étant plus fort et pas isolé. Je trouve que cette manière d’être plus fort dans mon mandat d’élu, cette manière de confronter nos problématiques sur une strate de commune dans laquelle je me reconnais totalement, dans mon intercommunalité, il y a le maire de Valence qui a 60 000 habitants. On ne parle pas de la même chose que quand on a 10 000 habitants comme à Bourg-de-Péage. Ou alors, j’ai des petites communes qui ont 200 habitants. On ne parle pas de la même chose que ce qui se passe à Bourg-de-Péage. C’est fait, c’est comme ça.
Paroles d’élus : Quels sont un peu les projets qui vont voir le jour dans les prochains mois dans votre collectivité ?
Nathalie Nieson : Déjà, nous allons finir nos travaux de centre-ville. C’est un gros chantier, ça fait deux ans qu’on travaille dessus. Donc là, nous arrivons au bout. C’est un chantier qui est très important, très structurant pour la commune. Nous travaillons aussi sur la rénovation énergétique de bâtiments très vieillissants. C’est indispensable pour des questions d’économie, de qualité de vie dans les équipements. Et je modernise considérablement ma police municipale. J’étoffe mon réseau de caméras de vidéoprotection. Il y a un besoin criant de tranquillité publique, de sécurité pour mes concitoyens. Puisque nous ne sommes pas à l’abri de toute l’actualité française avec les trafics de drogue. Donc je vais mettre en place une police de nuit, et je mets en place un doublement de la vidéoprotection. Donc, on essaie vraiment d’accompagner les attentes de nos concitoyens et de répondre là où, en fait, ils nous attendent.