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    Réseaux

    Au TRIP de l’Avicca, l’urgence de « Refonder le pacte de la fibre »

    Si les rencontres biannuelles des TRIP de l’Avicca sont toutes marquées par le plaisir de se retrouver, certains contextes sont plus propices que d’autres à l’optimisme. Après un début d’année douloureux, marqué notamment par un coup de rabot surprise sur les financements du plan Très Haut Débit, le colloque de ces 28 et 29 mai aurait pu être l’occasion de renouer le dialogue entre les collectivités, la filière et le gouvernement. Mais l’absence de la Secrétaire d’État chargée du Numérique pour cause officielle de réserve électorale en a décidé autrement. Parmi les temps forts, l’Observatoire de la transition numérique des territoires a permis de prendre la température. L’occasion aussi de rappeler l’urgence de « Refonder le pacte de la fibre ».

    Avant de glaner les médailles…

    Année des JO oblige, cette édition 2024 du TRIP de Printemps de l’Avicca n’est pas passée à côté de la métaphore sportive. En l’occurrence, la course ne sera gagnée que lorsque la ligne d’arrivée sera franchie. C’est pourquoi le Président d’InfraNum, Philippe Le Grand, a rappelé qu’il ne fallait pas crier cocorico trop vite. Et de détailler : « La course de la fibre pour tous est bien engagée pour la France. Avec 86% de locaux éligibles, 38 millions de prises dont 3,5 ont été déployées en 2023. Si le rythme de déploiement ralentit logiquement compte-tenu des difficultés rencontrées dans les derniers tours de piste, il faut rester concentrés pour fournir les derniers efforts ».

    Il faut aller au bout

    Concrètement, les dernières prévisions de l’Observatoire indiquent que la couverture FttH devrait atteindre 98% au niveau national en 2025. Autre point important, un nouvel indicateur est introduit cette année. Il rend visible le nombre de communes ayant atteint un niveau de complétude supérieur à 98%. Ainsi, pour 2023, il s’établit à 36% en zone RIP et 10% en zone d’initiative privée.

    La fermeture du Réseau Cuivre, priorité à plus d’un titre

     Autre enseignement de cet observatoire concerne le taux de pénétration de la fibre. La publication met en avant une stagnation entre 50% et 70%. Comment expliquer cette dernière ? Divers obstacles sont mentionnés dont notamment un manque de sensibilisation du public et des réticences à migrer vers la fibre. Pour InfraNum « cette situation met en péril la rentabilité des projets ». Face à ce « plafond de verre » l’extinction du cuivre est forcément attendue par les acteurs de la filière. Ils appellent à « lisser la transition » autant que possible afin d’éviter « une surcharge de travail entre 2028 et 2030 ».

    L’Avicca et la filière ont besoin d’un horizon clair

    Si on ne change pas les règles du jeu à 10 minutes de la fin d’un match, il semble néanmoins important de se mettre d’ores-et-déjà d’accord sur celles d’après 2025. C’est en tout cas un autre point à retenir de ce colloque de l’Avicca.

    « Les règles du jeu ont été fixées en 2015. De fait, elles auront permis de fibrer presque toute la France en 2025. Mais nos réseaux sont là pour des décennies, et ces règles ne sont plus adaptées pour les exploiter durablement. Nous allons droit dans le mur et nous y allons à très haut débit ! Il nous faut un nouveau pacte fibre pour nos territoires qui soit à la hauteur de ce qu’a été le Plan France THD en son temps. Et il nous faut plus largement un nouveau projet numérique pour la France, un plan « France Numérique 2030 » ajoute Patrick Chaize, Président de l’Avicca et sénateur de l’Ain.

    zones urbaines et zones rurales

    Tous les acteurs présents semblent unanimes sur un point trop peu évoqué. La fibre repose sur des réalités parfois différentes entre zones urbaines et rurales. Les écarts de coûts de déploiement et d’entretien des réseaux sont « objectivement constatés et se chiffrent parfois en multiples (exploitation 2 à 3 fois plus onéreuse en ruralité avec des déplacements éloignés, un réseau aérien 2 fois plus important, un linéaire par prise 3 fois plus long…) . Dans le même temps, les abonnements et la qualité de service sont identiques partout en France. Au-delà de la solidarité entre les territoires, l’augmentation des coûts dans le secteur pousse les acteurs à revendiquer plus de souplesse pour maintenir les équilibres contractuels initiaux. Faute de quoi, la situation risque d’être intenable ».

    La péréquation tant souhaitée par l’Avicca, (toujours) sur le banc de touche

    Sur ce point, les protagonistes présents ne retiennent pas leurs efforts. Ils rappelent que « la question des raccordements complexes n’est toujours pas résolue non plus ». Concrètement, si le nombre de ces raccordements (1% en moyenne, soit 440 000) est légèrement revu à la baisse, ainsi que leur coût moyen (2 000 à 3 000€ / prise), le reste à financer pourrait s’élever jusqu’à 1,3 Md €. Patrick Chaize et Philippe Le Grand ont donc partagé le même constat amer. « La solution de péréquation nationale – la mise en place d’une structure nationale d’investissement dans le génie civil – envisagée depuis deux ans et qui semblait à portée de main il y a encore quelques mois, n’aboutit pas faute de consensus unanime et de portage politique du sujet».

    Pour en savoir plus sur le TRIP de Printemps de l’Avicca, c’est par ici.

     

     

     

     

     

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