Au delà des objets, la révolution des usages
Nous sommes en train de vivre, avec l’avènement du paradigme ubiquitaire, une période de rupture technologique très forte. Grâce à l’utilisation du silicium embarqué, tous les objets ont en effet aujourd’hui la capacité d’être communicants.
Cette évolution nous pousse à porter un regard nouveau sur les objets que nous utilisons au quotidien, car la technologie leur confère désormais des capacités de maillage et d’intelligence. Or, on évalue actuellement à 6 milliards le nombre d’objets connectés dans le monde, pour un total de 7 milliards d’habitants et dans une dizaine d’années, ce nombre d’objets connectés sera multiplié au moins par 5 ! Les possibilités technologiques qui s’ouvrent à nous paraissent dès lors quasi infinies.
Tout ceci est juste, mais ne suffit pas à caractériser ce qui fait la spécificité de l’Internet des Objets du 21ème siècle. L’important n’est pas que les objets soient devenus des objets technologiques, mais bien qu’ils soient devenus des objets sociaux, faisant naître du même coup, à l’échelle mondiale, une culture de l’homme numérique. Les objets du 21ème siècle intègrent ainsi 3 composantes : technique, de savoir-faire et sociale. C’est ceci qui caractérise l’Internet des objets : tout objet, quelle que soit la façon dont il est connecté, a désormais un usage social.
Cette socialisation de l’objet connecté concerne également ce que l’on nomme le « corps augmenté ». Le « smart phone » est devenu pour nombre de gens une prothèse numérique : en étant connecté, un objet devient un objet social. Et c’est précisément la raison pour laquelle il n’y a plus d’opposition entre le monde physique réel et le monde virtuel. Le monde physique est traversé par le monde numérique et sa dimension sociale, qui permettent de créer de nouveaux usages et services. L’auto-partage par exemple, permet de repenser la mobilité à travers les objets connectés que sont les recharges, les bornes et les véhicules, en territorialisant autrement ses usages.
Le concept d’hybridation entre monde physique et monde numérique doit être lui aussi compris à la lumière de cette notion de socialisation. L’hybridation permet de partir du monde physique pour le réinventer, via l’internet des objets et le corps augmenté, en proposant des usages et des services entièrement nouveaux. L’hybridation n’est pas une chose nouvelle : l’homme s’est toujours approprié son espace de manière créative par le biais de la technique puis de la technologie. Ce qui est nouveau, à l’heure actuelle, c’est que la technologie ouvre des espaces nouveaux en reliant socialement les individus.