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    Anne Le Hénanff : « La souveraineté numérique est le chapeau commun de la politique que j’ai décidé de mener »

    Au 107ème Congrès des Maires, Anne Le Hénanff, Ministre de l’IA et du numérique, a détaillé à Paroles d’élus, ses priorités pour les territoires. Protection des citoyens, cyber-résilience et adoption responsable de l’intelligence artificielle constituent les axes majeurs de sa feuille de route. Rencontre avec une ministre qui revendique son ancrage territorial.

    Paroles d’élus : Votre nomination a été saluée par les associations d’élus. Quelles sont vos priorités en tant que Ministre de l’IA et du numérique ?

    Anne Le Hénanff : D’abord, je suis vraiment ravie d’être présente. C’était indispensable que je sois là à l’AMF ce matin et plus globalement au Salon des maires. C’est important pour moi. Je suis une élue locale et donc cet ancrage territorial, je le revendique. Au niveau de mon ministère, j’ai fixé plusieurs priorités. D’abord, il faut qu’on accompagne l’offre, parce que le chapeau commun de la politique que j’ai décidé de mener, c’est la souveraineté numérique. La souveraineté numérique, ça passe par l’accompagnement d’une offre fondamentale, française et européenne. Donc le premier angle d’attaque, c’est celui-ci pour le ministère.

    La deuxième priorité, aussi importante, c’est l’accompagnement des citoyens et la protection des citoyens ou la protection des organisations face aux menaces liées au numérique, justement, à l’IA. Un sujet nous tient particulièrement à cœur : la protection des mineurs face à des comportements malveillants d’opérateurs étrangers, notamment qui enferment nos jeunes dans des algorithmes. Il s’agit aussi de lutter contre le cyberharcèlement, la désinformation et l’ingérence étrangère.

    C’est également, bien sûr, de faire en sorte que la France reste en pôle position sur les infrastructures : le cloud, la fibre, l’intelligence artificielle. Et puis, un rôle moteur de la France au niveau de l’Europe pour porter des messages forts sur la préférence européenne et sur la protection, notamment des citoyens, avec l’instauration – on l’espère – d’une majorité numérique à 15 ans dans les mois à venir, aussi bien au niveau national qu’au niveau européen.

    Paroles d’élus : Lors de votre intervention aux assises de l’IA et du cyber des régions, vous avez parlé d’une loi résilience. Qu’est-ce qu’il y aura dans cette loi ?

    Anne Le Hénanff : La loi résilience comporte trois textes, dont NIS 2. NIS 2, c’est une directive européenne. En fait, c’est un engagement qui a été pris au niveau de l’Europe et nous n’avons pas le choix. Les 27 pays doivent transposer cette directive NIS 2. Ce n’est pas nouveau. Ça fait des années que nous travaillons sur NIS 2, avec les associations d’élus, avec les services de sécurité ou de cybersécurité, notamment comme l’ANSSI, avec l’État, évidemment.

    Donc, on n’a jamais été aussi près de la transposition de NIS 2 en France. Les sénateurs l’ont déjà fait. L’Assemblée nationale, ce sera en janvier, j’espère même avant. Ça donne le niveau minimum de cybersécurité de 15 000 entités jugées essentielles ou importantes, pour nous permettre une cyber-résilience de la nation et faire face aux menaces cyber auxquelles nous sommes confrontés tous les jours. Dont les collectivités territoriales : il y en a 2 000 qui sont concernées.

    Paroles d’élus : Ce matin, il était question d’IA au congrès des maires. Sentez-vous que les collectivités sont prêtes ? Est-ce vécu comme une contrainte ou comme une opportunité ?

    Anne Le Hénanff : Ce que j’ai ressenti, c’est beaucoup de sensations positives. L‘AMF a organisé une table ronde spécifique sur ce sujet de l’IA J’y ai assisté et ce que j’ai senti, c’est que, comme d’habitude, les maires sont au rendez-vous. Ils ont envie de le faire, mais ils ne veulent pas le faire n’importe comment. Ils veulent comprendre les enjeux.

    Et ce que je retiens de la table ronde sur l’IA organisée par l’AMF, c’est à la fois : on veut le faire, mais pas n’importe comment, avec n’importe qui. Et puis surtout : on voudrait être accompagné. Souvent, quand même, ce qui découle de la volonté des maires, c’est : bon, on veut le faire, mais il va falloir nous aider. C’est pour ça que j’étais là. Et on sera au rendez-vous à leur côté.

    Paroles d’élus : Comment comptez-vous accompagner concrètement les collectivités dans cette transition numérique et l’adoption de l’IA ?

    Anne Le Hénanff : L’objectif est d’accompagner les collectivités dans l’adoption responsable de l’intelligence artificielle. Cela passe par une compréhension des enjeux, mais aussi par un soutien concret. Les maires ne veulent pas avancer seuls sur ces questions complexes.

    Nous devons leur apporter les outils, les formations et les ressources nécessaires pour qu’ils puissent déployer l’IA au service de leurs citoyens, tout en garantissant la protection des données et le respect des valeurs républicaines. La souveraineté numérique implique aussi que nos territoires maîtrisent ces technologies plutôt que de les subir.

    C’est pourquoi j’étais présente au Salon des maires : pour montrer que l’État est là, à leurs côtés, dans cette transformation majeure de notre société.