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    L'actu des associations

    « Grands défis et promesses d’avenir » pour les 22ème Assises de l’APVF

    Les 19 et 20 Septembre prochains, l’Association des Petites Villes de France réunira ses membres à Uzès dans le Gard pour ses 22ème Assises. Cet évènement compte déjà plus de 400 élus inscrits, venant de toute la France, de Métropole et d’Outre-Mer. Pour en savoir plus sur ce moment important pour l’Apvf, Paroles d’Elus est allé poser quelques questions à Christophe Bouillon, Député de Seine-Maritime, Maire honoraire de Canteleu et Président de l’association.

    Paroles d’Elus – Quels seront les principaux temps-forts de ces 22ème Assises ?

    Christophe Bouillon –Nous avons voulu que ces assises ne soient pas comme on le voit parfois, c’est-à-dire un moment où des élus parlent aux élus. Au contraire, de nombreuses invitations ont été envoyées à des chercheurs, à des acteurs économiques, à des responsables d’entreprises publiques ou de grandes fédérations afin de dessiner ensemble les contours des villes de demain.

    Notre société est traversée aujourd’hui par plusieurs transitions qui sont à la fois numérique, démographique, écologique mais aussi démocratique. Or, ce que l’on observe c’est que ce sont dans ces petites villes que se jouent et que se créent des innovations territoriales dans chacune de ces transitions.

    Nous avons la conviction que les petites villes sont capables de relever une partie de ces défis et mieux, qu’elles sont capables d’inspirer l’Etat pour expérimenter et généraliser certains dispositifs mais surtout, nous souhaitons que l’Etat nous fasse davantage confiance pour contribuer à relever ces défis et répondre à ces enjeux. C’est pour cela que nous nous sommes fixés comme cap à quelques mois des élections municipales, d’armer en quelques sortes les élus, celles et ceux qui souhaitent prendre des responsabilités demain dans les territoires. Nous le faisons à travers des visions claires, et à  travers l’expression de ces transformations qui s’opèrent aujourd’hui.

    PDE- Existe-t-il, à l’instar des ruralités, des spécificités multiples au sein des membres de votre association ?

    CB- Nous sommes dans une strate en effet très éclectique. C’est à la fois une chance mais aussi une difficulté. L’Apvf rassemble 4089 communes allant de 2500 à 25000 habitants, ce qui représente près de 26 millions d’habitants aujourd’hui en France. Parmi ces dernières, vous pouvez avoir des communes de type « centre bourg », mais aussi des villes de tailles moyennes, dont certaines sont parfois les plus importantes de leur département. A contrario, certains membres en région parisienne apparaissent en comparaison de leurs voisins comme de très petites communes.

    Cette diversité nous offre la possibilité de prendre position sur beaucoup de sujets et nous ne nous privons pas de le faire comme par exemple sur un sujet aussi majeur que la désertification médicale, mais aussi sur la question des mobilités ou encore celle de la revitalisation des centres-bourgs.

    Pour vous donner un autre exemple de cette hétérogénéité, nous sommes aussi interrogés sur les plans banlieues puisque certains de nos membres, relevant de notre strate, ont des quartiers en QPV. Nous sommes en quelque sorte une petite France dans la grande France et cette diversité nous permet de nous positionner sur l’ensemble de ces problématiques et de ces enjeux.

    C’est aussi parfois source de difficultés car à l’inverse d’une grande ville ou d’une commune rurale, pour lesquelles il est plus simple d’identifier ce que cela veut dire, il est plus difficile de nous situer et de comprendre la réalité qui est celle de cette strate. Aussi, depuis 30 ans, nous travaillons à dégager des positions communes et à trouver un point d’équilibre. Grâce à cela il n’est pas rare que la nature de nos positions fasse de nous des interlocuteurs utiles aux pouvoirs publics justement par cet équilibre de territoires.

    En revanche, que ce soit en territoire péri urbain, semi rurale ou périphérique, nous sommes tous confrontés au phénomène de métropolisation non maitrisée. Aujourd’hui, il y a une concentration sur certaines zones géographiques, des meilleures formations et services publics, des meilleurs emplois ou encore des meilleurs moyens de transport. Tout cela donne le sentiment que finalement le reste du territoire est relégué à un rang inférieur. Nous avons depuis longtemps alerté les pouvoirs publics. Le risque est fort aujourd’hui de passer de la fameuse formule « Paris et le désert » à « les métropoles et rien au tour ». Or, ce « rien au tour », c’est un peu nous.

    PDE- Comment expliquez-vous que l’innovation soit autant dans la culture de l’association et plus largement de la typologie des petites villes ?

    CB- La raison la plus juste tient en un mot qui n’est pas très scientifique : c’est la « débrouillardise ». Les élus des petites villes sont en effet quotidiennement face à l’obligation de trouver des solutions. Pourquoi ? Tout simplement parce que lorsque vous êtes confrontés à ce soucis de recherche d’économies, vous devez être efficace et pragmatique. Les maires, très concrètement, font avec les moyens du bord.

    La 2ème raison vient à mon sens de la proximité. Beaucoup de communes et de maires sont dans un réseau de relations régulières avec les entreprises locales et des interlocuteurs locaux avec qui ils peuvent confronter très vite leurs problématiques et dégager ensemble rapidement des solutions.  On trouve ainsi chez les petites villes une forme d’agilité. Il n’y a pas de distance entre le citoyen qui frappe à la porte d’une mairie et le maire. On peut tout de suite être en contact avec l’élu.

    Cela tient aussi au changement de génération mais aussi de compréhension des enjeux. Sur la transition écologique, nous avons des communes comme Loos-en-Gohelle en Hauts de France, ou Malaunay en Normandie qui sont parmi les communes qui s’illustrent le plus en la matière et qui sont souvent montrées en exemple. Même exemplarité dans le domaine numérique avec la ville d’Autun. De même, si beaucoup d’entreprises et d’acteurs économiques aiment à travailler avec les communes de l’Apvf c’est que l’on peut aller plus vite. On peut tester plus facilement et vérifier un certain nombre de solutions que l’on peut apporter.

    PDE- A l’échelle nationale, toutes tailles de collectivités confondues, beaucoup de maires hésitent à se représenter. Le nombre importants de participants déjà inscrits à vos assises témoignent-ils de l’importance pour les élus de pouvoir échanger au sein d’une association comme l’apvf ? 

    CB- En effet, pour beaucoup d’élus, l’Apvf est un centre de ressources dans les deux sens du terme. Lorsque vous êtes maires et que vous avez le nez dans le guidon, c’est essentiel de pouvoir vous retrouver avec d’autres élus pour partager les difficultés mais aussi les solutions. C’est toujours une vraie bouffée d’oxygène que de pouvoir sortir de chez soi pour voir ce qui se passe ailleurs et de confronter ses propres expériences et ses propres envies. Parfois, les élus peuvent être découragés et exprimer une forme de ras le bol. Une association comme l’Apvf leur permet de ne pas se sentir seul. Notre association, de par le choix qu’elle a fait depuis toujours de n’être ni opposant ni complaisant vis-à-vis des pouvoirs publics, mais plutôt d’être force de propositions, nous donne un gage. Les élus savent que chez nous il n’y a pas de questions de positionnements politiques. L’association est au service des élus et des communes.