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Sommaire de l’article
    Culture, patrimoine & tourisme

    [DOSSIER COUPE DU MONDE] Le beau jeu numérique de la Métropole Européenne de Lille

    Deuxième match de l’équipe de France en ce jeudi 14 septembre et premier mini-dossier « Transformation numérique » pour Paroles d’élus. Alors que les bleus affrontent ce soir l’Uruguay au célèbre Stade Pierre Mauroy de Lille, profitons de l’occasion en effet pour découvrir la vitalité numérique de ce territoire grâce à ce mini-dossier non exhaustif.

    Parlons chiffres tout d’abord…Deuxième agglomération française en ce qui concerne la densité de sa population, la Métropole Européenne de Lille compte près de 1,2 millions d’habitants pour un territoire de 672 km2. Cela fait d’elle la 4e agglomération par sa taille après Paris, Lyon et Marseille. À noter enfin qu’elle compte 4 communes de plus de 60 000 habitants à savoir Lille, Roubaix, Tourcoing et Villeneuve d’Ascq.

    Dans ce mini-dossier, nous parlerons sport bien évidemment et infrastructures sportives mais aussi cybersécurité, recherche, 5G, data sans oublier les start up et Tiers-lieux.

    Voici le sommaire :


    SOMMAIRE

     


     

    Focus sur le Stade Pierre Mauroy

    « Un honneur pour la Coupe du Monde de Rugby d’être accueillie ici »

    Siège des Dogues du LOSC, le Stade Pierre-Mauroy a aussi une histoire avec le monde de l’ovalie. Inauguré en août 2012, il a en effet accueilli trois mois plus tard, son premier match de rugby. À la clé, une victoire historique de la France sur l’Argentine par 39 à 22.

    Mais si on remonte un peu plus dans le passé, il s’avère que Lille avait déjà été sélectionnée en tant que ville hôte pour la Coupe du Monde de Rugby. C’était en 1991 pour un quart de finale durant lequel la Nouvelle-Zélande avait battu le Canada.

    Mais revenons au stade en lui-même… Grâce à sa conception, cet équipement peut facilement accueillir de nombreux événements. 5 configurations sont en effet possibles et, fait unique en France, il ne suffit que de 30 minutes pour refermer entièrement le toit. Autre chiffre représentatif de cette modularité, l’enceinte peut être transformée en Arena en seulement 24h. Ainsi, outre plusieurs matchs de l’UEFA Euro 2016, le Stade Pierre-Mauroy a déjà accueilli 3 finales de Coupe Davis ainsi que les Championnats d’Europe de basket 2015 et de nombreux concerts.


    CHIFFRES CLÉS DU STADES PIERRE MAUROY

    – 50 000 places
    – 5 CONFIGURATIONS
    – 30 MIN pour la fermeture du toit, unique en France
    – 7 400 Tonnes, c’est le poids de la toiture, 100 tonnes de plus que la Tour Eiffel
    – 24 HEURES seulement pour transformer le stade en ARENA
    – 1 800 M2de façade animée
    – 70 000 Leds sur la façade animée
    – 12 000Tubes de polycarbonate composent l’enveloppe de couverture du stade


    Avec un tel équipement et telle passion du sport, rien d’étonnant donc à ce que Lille ait été choisie pour ce mondial. En effet, comme l’expliquait le Directeur général de France 2023, Claude Atcher « C’est un honneur pour la Coupe du Monde de Rugby d’être accueillie ici, dans cette terre du Nord habituée aux grandes confrontations et toujours prête à manifester sa passion pour le sport, tous les sports. Lille est proche des îles Britanniques. Ce public d’outre-Manche est juste derrière la porte et il la franchira en 2023. Cette région est une terre d’accueil, c’est sa tradition. Le ballon ovale sera l’occasion de nouer des contacts, de créer des échanges et des témoignages de fraternité. Cet événement international, présent dans toutes les régions de France, trouvera à Lille un retentissement particulier avec l’enthousiasme propre aux gens du Nord prêts à célébrer l’élite mondiale du rugby ».

    Durant cette coupe du monde, l’enceinte accueillera 5 matchs de poule.  Cinq matchs, et pas les moindres, se dérouleront dans le célèbre stade nordiste. Honneur au XV de France tout d’abord d’y accueillir l’équipe d’Uruguay ce Jeudi 14 Septembre. Angleterre, Chili, Écosse, Roumanie, Samoa et Tonga y joueront également.

     

    La MEL, une politique sportive ambitieuse

    La MEL est donc une terre où l’on fait pousser les clubs sportifs de haut niveau. Aux côtés du LOSC, on en compte en effet une vingtaine d’autres. Pensons par exemple au Lille Métropole Hockey Club, à l’Olympique Marcquois Rugby ou encore au Volley Club Marcq-en-Barœul, au Tennis Club Lillois sans parler du Vélo Club de Roubaix Lille Métropole.

    En apportant son soutien, aussi bien financier que structurel, la MEL a pris le parti d’être un supporter impliqué et proche des structures qu’elle soutient. Ainsi, forte d’un budget de plus de 3,5 millions d’euros par an, elle permet également de faire rayonner le territoire en soutenant une centaine d’événements par an, tels que le Paris-Roubaix, les courses de la Brader’Y ou encore la Route du Louvre, qui ont lieu chaque année sur son territoire, et organise ses propres événements comme « la Nuit des Piscines » ou encore les « MEL Sports ».

    Mais la volonté politique de la MEL est aussi de permettre à tous les métropolitains d’assister à des spectacles sportifs de haut niveau. Objectif revendiqué ? «favoriser leur sentiment d’appartenance aux clubs et aux sportifs qui animent chaque week-end le territoire ». Ainsi concrètement plus de 10 000 places sont offertes chaque année.

    Ce territoire a aussi une histoire très ancienne avec la natation. Dans le deuxième épisode de votre podcast Vendredi ou la ville durable à Roubaix, nous avions notamment rencontré Bruno Gaudichon, Conservateur du Musée d’Art et d’Histoire André Diligent, plus connu sous le nom de La Piscine.

    Pour (ré)écouter votre podcast Vendredi ou la ville durable, c’est ici :


    Ce lien étroit avec la natation est encore visible aujourd’hui. La MEL organise par exemple depuis 7 ans, en partenariat avec 20 piscines du territoire, la « Nuit des Piscines ». Sur le site dédié à l’événement, on peut lire qu’il s’agit « de donner envie aux métropolitains de redécouvrir leur piscine tout en profitant d’un large panel d’activités, le tout au cours d’une soirée festive, conviviale et ouverte à tous car gratuite ». Depuis sa première édition, la formule est un succès. Plus de 8 000 métropolitains y ont d’ailleurs assisté l’an dernier. Là encore, cet événement s’inscrit pleinement dans le cadre du plan piscines de la MEL car il permet également de favoriser la pratique sportive par tous et met en lumière le réseau des piscines.

    L’industrie de demain se dessine avec l’Orange 5G Lab de Lille Métropole

    Maintenant que cette petite présentation sportive est faite, quittons le stade Pierre Mauroy pour découvrir maintenant les acteurs numériques du territoire.

    Pour le premier arrêt, nous n’irons à vrai dire pas très loin puisque l’Orange 5G Lab de Lille Métropole se situe en face de l’enceinte sportive. Il est déalement situé dans la métropole lilloise, à Villeneuve d’Ascq, en proximité du campus universitaire, de parcs d’activités technologiques.

     

    Si ce site accueille la plus grande partie des salariés Orange du bassin d’emploi il a aussi été conçu pour être ouvert sur l’extérieur.  En effet, l’Orange 5G Lab contribue à l’émergence de l’industrie du futur en faisant de la 5G un levier de compétitivité. Il s’adresse donc aux écosystèmes économiques et d’innovation, aux entreprises, startups, grandes écoles ou universités, collectivités ou influenceurs. C’est en somme, un espace expérientiel et collaboratif unique dédié à la 5G.

    Si, comme nous le découvrirons ensemble dans les différents mini-dossier Transformation Numérique, beaucoup d’innovations se concrétisent d’ores-et-déjà avec la 5G. Son déploiement offre aussi des atouts importants en matière de cybersécurité. Cette technologie de communication sans fil accélère les vitesses de téléchargement, réduit la latence, facilite la détection de cyberattaques et rend les systèmes de chiffrement de données plus performants.

    Les avantages à venir de la 5G sont nombreux, notamment dans le domaine de l’Internet des objets, de la médecine à distance, des véhicules autonomes et de l’industrie 4.0 via la télémaintenance. Du côté d’Orange, on précise que « comme toute nouvelle technologie, elle promet de nouveaux usages et la généralisation d’innovations très attendues qui nous faciliteront la vie au quotidien, mais sur lesquelles nous avons encore peu de recul ».

    FIC, l’événement incontournable de la cybersécurité

    Continuons notre exploration du territoire en prenant justement comme fil rouge la cybersécurité. Il s’avère en effet que la MEL est une collectivité reconnue pour son implication dans ce domaine. Le point d’orgue annuel étant sans conteste, le Forum International de la Cybersécurité.

    Événement de référence en Europe sur les questions de sécurité et de confiance numérique, le FIC rassemble pendant trois jours sur les 20 000 m² de Lille Grand Palais, 460 partenaires et plus de 12 000 participants. 110 pays y sont par ailleurs représentés. Et parmi tous les stands, on peut y découvrir les pavillons de différentes Régions à l’instar cette année, de la Nouvelle Aquitaine, de la Bretagne ou encore de l’Occitanie. L’édition 2023 avait pour thème « In Cloud we Trust ». Ce fut l’occasion pour la filière cybersécurité de la Région de montrer une nouvelle fois, son dynamisme et son attractivité.

    Un des premiers Campus Cyber de France

    Ainsi, partenaires historiques du FIC, la Région Hauts-de-France et EuraTechnologies ont occupé cette année un pavillon de plus de 200m², soit l’un des plus grands du Forum. 24 entreprises, startups, structures et associations du territoire y étaient présentes.

    Comme nous l’avait précisé Florence Puybareau , Directrice des Opérations, Campus Cyber Hauts-de-France Lille Métropole, EuraTechnologies à Paroles d’élus: « Parmi les 25 entreprises et organisations sélectionnées pour le pavillon régional, un tiers y expose pour la première fois. Et vous trouvez trois start-up issues des deux premières promotions du Campus Cyber régional ».

    Parmi ces start-up, on trouve par exemple Cryptr. Cette jeune pousse propose une solution d’authentification sans mot de passe en mode SAAS pour les sites web et mobiles. A ses côtés, une autre pépite de la cyberdéfense, Hamynä. Celle-ci offre une solution de pilotage et de gouvernance RGPD. Dernier exemple enfin avec Nijta. Grâce à sa technologie, la voix des clients peut être automatiquement anonymisée lors des appels téléphoniques, afin de garantir que leurs informations personnelles ne soient pas compromises.

    Pour Philippe Beauchamps, Conseiller régional délégué au financement des entreprises que nous avions également rencontré cette année ; « La Région Hauts-de France fait figure de pionnière dans le domaine de la cybersécurité et s’est très tôt engagée pour sensibiliser, informer et former les professionnels et particuliers face à ces nouvelles menaces. L’investissement de la Région Hauts-de-France dans la lutte contre la cybercriminalité se poursuit et constitue une opportunité pour les entreprises et la formation régional de développer leur excellence en matière de cybersécurité ».

    Et l’élu de poursuivre : « à l’occasion de cette 15ème édition du FIC, la Région intensifie sa mobilisation avec deux nouveautés : le lancement officiel du Numéro Vert Cyber par le CSIRT Hauts de France (NDLR : numéro d’urgence pour les entreprises et les collectivités en cas d’attaque) ; mais aussi l’inauguration du Campus Cyber Hauts-de-France Lille Métropole : levier d’accélération de la filière cyber en région ».

    À Lille, l’Inria rapproche Recherche et Start-up

    À Lille, où l’on trouve aussi l’un des 8 centres de recherche de l’Inria répartis en France. Cet acteur y cultive l’esprit d’innovation. Grâce à son modèle original, l’institut national de recherche dédié aux sciences du numérique, accompagne la création par exemple de start-up.

    Si le modèle de développement de l’Inria est original c’est avant tout parce qu’il facilite une coopération quotidienne entre des chercheurs, des ingénieurs et des chargés d’affaires. Grâce à son service dédié STIP (service transfert pour l’innovation et partenariats), l’Inria encourage en effet la création de start-up « en sensibilisant et accompagnant les scientifiques qui voudraient se lancer dans l’entrepreneuriat ». Chaque année, ce sont une dizaine de jeunes entreprises qui émergent ainsi au niveau national.

    Parmi les ex-jeunes pousses qui ont pu en profiter, on trouve par exemple Vekia. En tout juste douze ans, elle est devenue la spécialiste des outils de prédiction dans le domaine du e-commerce. Autre exemple avec Go Touch VR. Cette start-up propose des solutions permettant d’ajouter le sens du toucher dans la réalité virtuelle.

    L’Inria aide ses porteurs de projet dans une étape importante, celle de l’étude de marché. Cette étape bien que primordiale n’est pas forcément naturelle pour des chercheurs et chercheuses qui réfléchissent souvent plutôt en termes de technologie… Autre enjeu, celui du financement. Là encore, l’institut peut soutenir les projets grâce à des financements spécifiques d’un an. Ce délai doit permettre de faire mûrir les projets. Par ailleurs, au niveau national, le fonds de l’Inria, iT2 organise régulièrement des Bar Camps de trois jours pour faciliter la rencontre avec des investisseurs.

    Une fois que le projet est jugé prêt à faire le grand saut, l’entrepreneur n’est pas livré pour autant à lui-même. La start-up est en effet orientée vers l’un des différents incubateurs de la région, que ce soit par exemple EuraTechnologies ou encore la Plaine Images. L’institut fait par ailleurs partie de la French Tech, ce qui permet aux start-up de s’insérer naturellement dans l’écosystème.

    Retour sur la semaine du numérique en hauts-de-France

    Comme vous pouvez l’imaginer, la vitalité de tous ces acteurs du numérique n’est pas sans créer quelques tensions au niveau de l’emploi. Afin de promouvoir les différents postes à pourvoir, la MEL, la Région Hauts-de-France et la French Tech étaient co-organisateur en juin dernier, aux côtés de la DREETS et de la Région Académique HdF de la Semaine du Numérique.

    De nombreuses thématiques ont été traitées par les partenaires lors ces 5 journées d’animations. Il fut question bien évidemment de recrutement, mais aussi plus précisément des opportunités dans le numérique, d’inclusion et de mixité. Sans oublier de ruralité, de financement de l’innovation, de R&D ou encore de développement durable dans le numérique.

    Le réseau des repair cafés

    Transition toute trouvée maintenant puisqu’il nous tenait à cœur d’évoquer un autre type d’acteur engagé sur ce territoire, à savoir… les Repair cafés. Au sein de la MEL, on en compte une petite quarantaine, fédérés en réseau.

    Mais avant de nous plonger sur la mission de ce type de structure. Un rapide petit rappel au préalable… saviez-vous par exemple que chaque français jette en moyenne chaque année l’équivalent de 225 kilos de déchets à la déchetterie en plus des 365 kg d’ordures ménagères qu’il jette à la poubelle.

    Interrogé par Paroles d’élus, Christophe Goddon, chargé des missions numérique et Repair Cafés pour la Maison Régionale de l’Environnement et des Solidarités nous expliquait que «Cette culture du déchet a des conséquences sur le pouvoir d’achat, l’environnement et la raréfaction des ressources ». Et d’insister :  « En un mot, cette façon de consommer n’est pas viable ».

    Et effet, « beaucoup d’objets que nous jetons ne demandent qu’une réparation basique pour être à nouveau parfaitement utilisables. Nous le savons et parfois malgré l’envie de réparer, nous ne pouvons le faire personnellement faute de compétences ou d’outils ». C’est là que le réseau des Repair café rentre en jeu !

    Ces espaces de rencontre, dont le premier d’entre eux a été monté en octobre 2009 à Amsterdam, répondent à plusieurs missions. Il s’agit tout d’abord de « réintroduire la pratique courante de la réparation des objets » mais aussi de « préserver et transmettre le savoir-faire en matière de réparation ».

    Et comme nous l’explique volontiers Christophe Goddon : « Plutôt que de réinventer l’eau chaude, on met tout en commun grâce au réseau. Par exemple on a créé un guide qui s’appelle « Créer son Repair Café en Haute-France ». L’objectif est de faciliter la mise en place de ce type de structure dans un village ou dans un quartier ».

    Et des structures, on peut dire qu’il y en a beaucoup. Dès 2014, des structures de ce type se sont développés dans la Région. Très vite, la MEL s’est beaucoup investie tant au niveau du financement que de l’accompagnement ce qui a permis d’accompagner de mailler le territoire. Moins de 10 ans plus tard, on en trouve donc plus de 40 dans la MEL et 160 au niveau régional, ce qui la place en tête.

    De plus, chaque structure se différencie selon les compétences des bénévoles qui animent les rencontres. Certains « se sont spécialisés par exemple dans la réparation des machines à coudre, d’autres des imprimantes et des ordinateurs. À l’inverse, d’autres refusent de réparer certains objets, je pense notamment aux vélosn parce qu’il existe déjà des ateliers de réparations avec tout le matériel nécessaire. Bref, c’est très divers et le réseau permet aussi, en connaissant les compétences des uns et des autres, d’orienter les personnes qui viennent nous voir ».

    Ce réseau a aussi plusieurs temps forts. Ainsi, le 21 octobre, petits et grands sont invités lors des « Hauts-de-France réparent ! », qui aura lieu cette année à l’occasion de la journée internationale de la réparation. Un maximum de Repair Cafés de la région ouvriront exceptionnellement leurs portes au grand public. L’ambition ? promouvoir la réparation des objets avec pour finalité la réduction des déchets, la diminution de la pression humaine sur les ressources et la construction de communautés de partage autour des transitions.

    En Compagnie des Tiers-Lieux, un événement à ne pas rater

    Focus maintenant sur un autre événement fédérateur de la MEL, En compagnie des Tiers-Lieux organisée par la structure éponyme. De quoi s’agit-il ? Pour en savoir plus, nous avons pu poser quelques questions à Muriel Marandola en charge de la structure.

    Paroles d’élus : Les Tiers-Lieux sont-ils tous numériques ?

    Muriel Marandola : Et non, le terme Tiers Lieux regroupe un champ très large d’usages et de pratiques et certains nesont pas du tout numérique. Pour autant, et c’est un peu une spécificité de notre région, les Tiers Lieux ont pris racines dans le milieu du numérique. Nous sommes très liés aux espaces de coworking et aux collectifs de développeurs de la métropole lilloise.

    Paroles d’élus : Quelle est la Genèse de la Compagnie des Tiers Lieux ?

    Muriel Marandola : Cette compagnie est née dans les années 2010, d’une dynamique autour d’associations qui s’appelaient ANIS et Catalyst. Cette dernière étant un laboratoire d’expérimentation de l’innovation sociale et numérique autour des Communs. Ces 2 structures sont vraiment à la naissance des premiers espaces dits « Tiers-lieux » sur notre territoire. L’idée était au départ de pouvoir se rassembler plutôt que d’être seuls, dans des lieux conçus pour mélanger de multiples usages.

    De ces collectifs sont nés plusieurs tiers-lieux qui très rapidement ont commencé à « réseauter » et avec une dimension très forte de mettre en partage les différents outils que chacun développerait de son côté. On appelle cela les « communs des tiers lieux » et qui pour le coup sont très souvent numériques. Ces communs font vraiment partie de l’ADN de nos tiers-lieux.

    Paroles d’élus : Les pouvoirs publics et les collectivités vous ont-elles soutenus ?

    Muriel Marandola : Tout a vraiment démarré en 2018. C’est à cette date qu’en France, on commence à réaliser que ces outils peuvent avoir de nombreux impacts. On leur accorde alors un impact sur la redynamisation de certains espaces tant économique que social puisque les habitants aiment à s’y retrouver.

    L’État commence alors à s’y intéresser et commande un premier rapport sur les espaces de coworking. On ne parlait pas alors encore vraiment de tiers lieux. De son côté, la MEL s’est très vite emparée du sujet. Elle fut en effet la première de France à lancer un appel à projets tiers-lieux avec des financements à la clé. 23 premiers projets ont été soutenus avec pour chacun environ 30 000 euros pour démarrer.

    En parallèle, elle a soutenu l’émergence d’une structure pour les accompagner. La Compagnie des Tiers Lieux a pris son envol en 2019 avec son propre budget. Au début, la page était entièrement blanche, il y avait tout à faire. Notre priorité était donc de créer une plateforme permettant aux différents lieux de coopérer plus facilement et de se professionnaliser.

    Paroles d’élus : Vous organisez également chaque année un grand temps fort. De quoi s’agit-il ?

    Muriel Marandola : En effet, nous rassemblons chaque année tous les membres du réseau sur une thématique particulière. Cette année, nous travaillerons autour du sujet du foncier. De nombreuses questions seront soulevées : « Qu’est-ce qu’habiter des murs ou posséder ses murs ? » ; « Que pensez du modèle d’occupation transitoire ? » ; « Comment mieux dialoguer avec les collectivités détentrices de foncier non valorisé ? ». Voilà autant d’exemples.

    L’événement aura lieu les 22 et 23 novembre à l’Écoquartier Fives Cail de Lille. Il s’agit justement d’une ancienne friche industrielle en plein réaménagement. Un Tiers-lieux,qui s’appellera la Loco, est en train de se monter et autour de lui, on trouvera beaucoup d’acteurs de l’ESS avec lesquels on dialogue toute l’année.

    Ces 2 jours vont nous permettre de nous retrouver, d’échanger et de débattre mais aussi de visiter concrètement des lieux. En effet, cet événement vise à acculturer les habitants du territoire à ces outils. On organisera donc une demi-journée de visites avec 3 à 4 parcours différents et à chaque fois 3 ou 4 lieux à visiter. Tables rondes, ateliers, min conférence, forum ouvert et soirée festive sont au programme.

    Les data pour accélérer la rénovation énergétique du patrimoine scolaire

    Pour clôre ce premier dossier « Transformation Numérique » en terre du Nord, nous ne pouvions  pas ne pas nous arrêter sur « tRees ». Quel drôle de nom me direz-vous sans doute. Derrière cet acronyme se cache, non pas une forêt mais un vaste programme de rénovation énergétique des bâtiments éducatifs dans les Hauts-de-France. En effet, « tRees » vient de « Transition énergétique des établissements éducatifs ». Sa particularité ? Être basé sur l’analyse des données.

    C’est un aspect souvent sous-estimé. Les collectivités territoriales possèdent environ 280 millions de m2 et 50 % de leur parc est composé d’écoles, de collèges et de lycées. Par ailleurs, les bâtiments représentent 76 % de la consommation d’énergie des communes. Or justement, avec 30 % de la consommation des bâtiments communaux, les écoles demeurent le type de bâtiment le plus consommateur de loin devant les équipements sportifs et les bâtiments socioculturels. Consciente de ces enjeux, la Région Haut-de-France a lancé une plateforme spécialement dédiée à la rénovation énergétique des bâtiments éducatifs basée sur l’analyse des données.

    Concrètement, tRees s’adresse à différents acteurs, qu’ils soient directeurs des établissements scolaires, élus, agents des collectivités territoriales ou professionnel du BTP. À l’origine de ce projet, on trouve une société spécialisée dans la production de données d’intelligence artificielle dénommée Nam.R. Cette dernière s’est appuyée sur plusieurs partenariats dont l’Ademe, le Cerema, l’École polytechnique ou encore le Collège de France.

    Pour atteindre l’objectif de massifier les rénovations énergétiques des bâtiments scolaires par la donnée, tRees donne accès gratuitement à des données jugées essentielles avant toute prise de décision. La plateforme propose un diagnostic sur la performance énergétique de tous les établissements éducatifs des Hauts-de-France  soit, pas moins de 19 733 bâtiments sur l’ensemble du territoire.

    Grâce à la mise en perspective des données récoltées sur la performance énergétique des bâtiments en fonction de leur morphologie, il est possible de simuler différents scénarios de rénovations adaptés. La Région espère par ce dispositif créer une réelle prise de conscience.

     

    Ce 1er mini dossier « Transformation Numérique » s’achève ici. Rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir en détail une autre ville hôte de cette coupe du monde de Rugby 2023 !