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    Inclusion

    À Grand-Quevilly, “40 ans d’engagement pour l’inclusion numérique »

    Direction Grand-Quevilly en Seine-Maritime. Cette commune de 26 000 habitants vient de terminer, en partenariat avec Orange, un premier cycle d’ateliers numériques collectifs et gratuits dédiés aux seniors quevillais. Ces ateliers s’inscrivent dans un engagement déjà ancien de la collectivité à lutter contre l’exclusion numérique et à accompagner nos aînés dans leur maîtrise des outils numériques. Pour en savoir davantage, nous avons rencontré le maire de la commune, Nicolas Rouly.

    Paroles d’élus : Quel bilan faites-vous après ces 4 premiers ateliers numériques ?

    Nicolas Rouly : Les retours que nous avons reçus sont très positifs. Les organisateurs ainsi que les participants sont unanimes quant à leur satisfaction concernant cette expérience. C’était une première, et cela donne envie de la renouveler. Le bilan quantitatif est positif, car l’initiative a trouvé son public, comme en témoignent les chiffres intéressants. Nous avions environ 13 participants lors de ces quatres premiers ateliers. 

    Mais le public était présent aussi parce que le contenu a répondu à leurs attentes. Les retours ont été, là encore, tout à fait positifs : une très bonne dynamique de groupe, une satisfaction générale, des échanges fluides avec les animateurs, et une bonne communication entre le CCAS et les animateurs d’Orange.

    Paroles d’élus : Comment pousser ceux qui en ont besoin à participer ? 

    Nicolas Rouly : Bien choisir le lieu et la structure d’accueil est important selon le public. Ainsi, pour cette expérience, les ateliers se sont déroulés dans une salle du CCAS. Ce lieu était particulièrement adapté au public, car nous avions ciblé des personnes âgées habituées à travailler avec le CCAS et le service senior. 

    Cependant, ce n’est pas un lieu particulièrement dédié aux nouvelles technologies. Nous disposons aussi à la médiathèque, d’un espace public numérique qui offrirait techniquement d’autres potentialités. Aussi, dans une démarche d’inclusion numérique qui s’adresse à d’autres publics, nous avons un autre lieu tout à fait adapté. Là encore, les agents connaissent bien les usagers et peuvent encourager ceux qui en ont besoin, à participer.   

    Paroles d’élus : Comment les enjeux d’inclusion numérique sont-ils abordés dans votre commune ? 

    Nicolas Rouly : Il faut savoir que nous parlons de la ville de Grand-Quevilly, dont l’un des maires a été Laurent Fabius. Comme premier édile, il a initié, dès les années 80, une logique de formation au numérique. Cela fait plus de 40 ans que la ville de Grand-Quevilly a cette préoccupation de l’inclusion numérique. À l’époque, il s’agissait des premiers ordinateurs, aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle. Les thématiques changent mais les enjeux restent les mêmes.

    Paroles d’élus : C’est donc dans l’ADN de Grand-Quevilly ?

    Nicolas Rouly : Oui, depuis plus de 40 ans, nous avons l’habitude d’avoir des lieux dédiés aux apprentissages numériques pour le grand public, en particulier autour de la médiathèque. Nous avons des équipes compétentes pour transmettre ces compétences. Nous avons également des moments, des dispositifs, des initiatives qui participent à cette inclusion numérique grand public.

    Autre exemple,nous avons des démarches ciblées sur certains publics, comme ce fut le cas ici auprès des personnes âgées. Ce peut-être avec les scolaires ou les personnes en fragilité sociale. Concrètement, notre CCAS a créé un partenariat avec l’association Média Formation, et nous organisons chaque semaine des ateliers d’accompagnement des citoyens dans leur démarche numérique.

    Paroles d’élus : L’intelligence artificielle vient bouleverser les approches traditionnelles du numérique. Cela change-t-il la donne pour vos habitants comme pour vos agents ? Faut-il repenser les politiques d’inclusion numérique ?

    Nicolas Rouly : Nous n’en sommes pas encore à tout repenser, car nous travaillons encore sur des besoins relativement classiques, comme la prise en main des smartphones et des réseaux sociaux. Cependant, nous pressentons en effet qu’il faudra enrichir cette approche en intégrant l’intelligence artificielle. Nous devons d’abord appréhender le sujet pour le prendre en main et ensuite le partager avec le public.

    Actuellement, ce n’est pas le premier sujet mais il va s’imposer tôt ou tard. Lorsque nous travaillons sur notre logique d’inclusion numérique, nous devons partir du basique, c’est-à-dire les démarches en ligne que les gens n’arrivent pas à effectuer. On voit déjà que pour ces dernières, l’intelligence artificielle pourra aussi être utile. Nous irons progressivement.

    Paroles d’élus : On entend de plus en plus parler de « Shadow IA », cette pratique d’utilisation de l’IA de manière cachée. Certaines communes ont mis en place un moratoire pour encadrer justement le recours à l’IA. Êtes-vous dans cette démarche ?

    Nicolas Rouly : Nous n’avons pas fait de constats aujourd’hui qui caractériseraient une urgence par rapport à cela. Nous avons effectivement, ponctuellement, des constats isolés, comme une lettre de motivation ou un commentaire sur les réseaux sociaux, qui peuvent relever de cette Shadow IA. Cependant, nous ne sommes pas submergés par ce phénomène.

    Toute précipitation serait une erreur. Nos services travaillent pour appréhender la manière d’aborder l’intelligence artificielle en interne et dans la relation avec les usagers. Cela n’est pas vécu sur le mode de l’urgence ou de l’inquiétude, mais plutôt comme de belles opportunités à déployer de façon réfléchie, sans avoir le sentiment d’être ni en retard, ni sous pression.

    Paroles d’élus : Votre partenariat entre Grand-Quevilly et Orange se concrétise-t-il par d’autres actions ?

    Nicolas Rouly : Effectivement, nous avons lancé, il y a 2 ans, une campagne de collecte de mobile. Cette collecte de téléphones portables usagés, lancée un 2 août qui correspond symboliquement au Jour du Dépassement, s’inscrit dans notre démarche environnementale et de sensibilisation à la consommation responsable. L’objectif est pour nous double : réduire les déchets électroniques et soutenir l’économie sociale et solidaire.

    Les téléphones collectés connaissent en effet une seconde vie : en fonction de leur état, ils sont soit reconditionnés et revendus au profit d’Emmaüs, soit recyclés pour produire de nouveaux téléphones sans avoir à prélever davantage de ressources naturelles. C’est une démarche qui s’inscrit parfaitement dans notre logique d’inclusion numérique, en rendant ces outils plus accessibles.