2022, Année d’un ministère du numérique de plein exercice ?
Alors que les hypothèses sur le nom du prochain premier ministre vont bon train, un collectif de plus de 80 élus, entrepreneurs, ingénieurs, développeurs, associatifs et acteurs du numérique espère que parmi les annonces officielles sur le prochain gouvernement, le numérique puisse avoir son propre ministère. Souhait souvent évoqué mais jamais exhaussé, elle ne pourrait souffrir davantage d’un nouveau rendez-vous manqué…
80 noms plaident pour un Ministère du Numérique
Le collectif de cette tribune ne passe pas par quatre chemins. Alors que la composition du nouveau gouvernement ne semble pas encore fixée, les 80 élus, entrepreneurs, ingénieurs, développeurs, associatifs et acteurs du numérique cosignataire interpellent directement le « Président de la République (afin) de doter le pays des moyens institutionnels d’une politique stratégique forte en matière de numérique ». Comprenez par-là, « de faire enfin des enjeux Numérique, un Ministère de plein droit ». Mais outre cette interpellation « ad nominem », les personnalités signataires, dont certaines sont déjà ; on l’imagine tout du moins, régulièrement en contact avec le chef de l’État pour passer ce type de demande ; s’adressent bien évidemment aussi à tous les lecteurs de ce papier.
« Des personnalités reconnus du secteur numérique »
Portée par des personnalités reconnus du secteur numérique; à l’instar de Gilles Babinet du CNNum), de Michel Paulin d’OVHCloud), d’Arno Pons de Digital New Deal ou encore de Guillaume Rozier qui s’est fait connaître durant la pandémie grâce aux outils « Covid Tracker » et « ViteMaDose » ; cette tribune nous rappelle que si le numérique a déjà bouleversé en trente ans notre société, accélérant « les échanges et la transformation (…) de nos entreprises et de nos administrations », elle a aussi « rebattu les cartes géopolitiques et sociétales ». Et de poursuivre ; « Le numérique s’est imposé dans toutes les composantes de nos vies et les effets d’un changement si rapide et profond n’ont pas d’équivalent dans l’histoire de l’humanité. La crise sanitaire n’a fait que l’accélérer encore ».
« Seul un ou une ministre de plein exercice peut convoquer et employer à la hauteur des enjeux »
Or, si les signataires en appellent justement à un Ministère de plein droit dédié au numérique c’est parce que selon eux ce dernier « est profondément transformateur, d’une grande complexité, et exige la capacité à comprendre, déployer et défendre une vision technologique, sociale, écologique, économique, géostratégique et politique de long terme ». Ainsi, « Il requiert des moyens et des expertises que seul un ou une ministre de plein exercice peut convoquer et employer à la hauteur des enjeux ».
6% du PIB
Le collectif insiste également sur le poids économique du numérique. Ainsi, il précise qu’en France il représente déjà 6% du produit intérieur brut avec plus de 150 milliards d’euros de dépenses annuelles et près d’un million d’emplois salariés. Pour autant, ce n’est pas le seul argument. Ainsi prenant l’exemple de l’agriculture dont nous avons longuement parlé sur Paroles d’Élus plus particulièrement depuis le mois de mars, les signataires rappellent l’important croissante qu’y joue le numérique et de facto les enjeux « pour notre souveraineté alimentaire, notre tissu territorial, notre santé, notre rayonnement international, notre culture, notre politique écologique et notre balance commerciale ».
L’exemple de Pompidou
Et de conclure ainsi en rappelant le choix visionnaire de George Pompidou il y a un demi-siècle de créer le premier ministère de l’environnement. Celui-ci « n’avait pas été compris, alors qu’il est aujourd’hui incontestable. Assurément, celui de créer le premier ministère du numérique de plein exercice s’imposera comme une évidence historique aussi certaine. Souvenons-nous aussi que Charles de Gaulle, conscient de l’absolue nécessité de doter la France d’une autonomie stratégique en matière d’informatique, avait lancé le Plan Calcul dont on n’a compris que trop tardivement l’impact tragique de son abandon. Avec un ministère du numérique, le Président de la République et le gouvernement auront l’opportunité de remettre sur pied une ambition à la hauteur du pays et de l’Europe ». Leur appel sera-t-il entendu ? Réponse à suivre très prochainement…
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