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Sommaire de l’article
    Citoyens et société

    Regards croisés sur le Prix de la Démocratie 2026 : « donner les clés d’un monde numérique de confiance. »

    Le Prix de la Démocratie 2026 innove avec un nouveau trophée dédié à la lutte contre la désinformation. Jean-Bernard Cazalet, rédacteur en chef délégué chez Ouest-France et chargé de mission auprès de l’ASPDH, et Cathy Escoffier, directrice déléguée RSE Orange France, croisent leurs regards sur cet engagement citoyen inédit. Entre médias locaux et opérateur télécom, ils partagent une même ambition : renforcer la confiance et le lien social dans les territoires.

     

    Paroles d’élus : Pourquoi créer un Prix Désinfox dans l’édition 2026 ?

    Jean-Bernard Cazalet : À force de voir ce qui se passe autour de nous, on a considéré que la désinformation était un élément majeur de lutte. Notre travail était de lutter contre la désinformation dans le cadre de la démocratie. Le Prix de la Démocratie comportait déjà trois trophées : Démocratie pour les initiatives nationales, Démocratie Locale pour les initiatives locales et Jeunesse pour les moins de 25 ans. Cette année, nous avons donc souhaité créer un Prix Désinfox. La désinformation gagne l’information locale, elle gagne les communes, les villages. Créer ce prix est absolument essentiel.

    Cathy Escoffier : Le numérique est un formidable outil d’accès à la connaissance et à la culture. En revanche, il porte aussi des sujets négatifs : harcèlement, cyber-harcèlement, temps excessif des écrans et désinformation. Aujourd’hui, 69 % des Français font confiance aux médias classiques pour s’informer. Mais un cinquième des Français ne s’informent uniquement que sur les réseaux sociaux. C’est un enjeu majeur de sensibilisation et d’usage. L’observatoire de Viginum montre que la pression d’acteurs étrangers vise trois objectifs : attaquer les pouvoirs publics, attaquer les médias et les journalistes, et opposer les citoyens entre eux.

    Paroles d’élus : En quoi ce partenariat entre l’ASPDH et Orange est-il pertinent ?

    J.-B. C. : On aurait pu le faire seul, mais on préfère le faire avec des gens engagés. On a rencontré Orange qui s’est montré extrêmement intéressé par ce prix. C’est un formidable partenaire pour nous, puisqu’il travaille beaucoup sur l’inclusion numérique. Nous sommes deux acteurs de confiance : le groupe SIPA Ouest-France sur son territoire et Orange. Cette association s’inscrit dans une logique de proximité et d’engagement.

    C. E. : Notre raison d’être, c’est de donner à chacun et chacune les clés d’un monde numérique de confiance. Notre métier, c’est de donner accès par les réseaux et par des équipements, mais c’est aussi l’usage. Nous avons des plans d’action concrets tous les jours auprès d’acteurs de terrain et de proximité, auprès des jeunes, sur les enjeux de lutte contre le cyber-harcèlement et autour de l’information. Ce sujet prend terrain sur des enjeux d’isolement. Dans un monde hyper-connecté, on voit poindre des sujets d’isolement. Nous sommes très attentifs à créer la confiance autour du numérique.

    Paroles d’élus : Pourquoi ancrer ce prix dans les territoires locaux ?

    J.-B. C. : Le but du prix, c’est de renforcer et de faire connaître la culture démocratique au niveau local. La démocratie, ce n’est pas que les grandes élections, c’est la démocratie dans les territoires. Ce n’est pas étonnant si le maire est l’élu en qui les gens ont le plus confiance. Et chez les médias, c’est la presse locale dans laquelle les gens ont confiance. Eux, comme nous, nous sommes « à portée d’engueulade », comme disent les élus. Les gens ont le sentiment de pouvoir avoir prise sur les personnes avec lesquelles ils parlent.

    C. E. : L’accès au numérique, c’est un enjeu de confiance et de bon usage, en particulier chez les jeunes générations. Nous intervenons auprès de collégiens sur les enjeux de lutte contre le cyber-harcèlement. Ce sont des sujets complexes : mésinformation, désinformation, malinformation. Nous avons un enjeu de médiation de proximité avec ces acteurs. C’est ce qu’on essaye, à notre mesure, humblement, de faire.

    Paroles d’élus : Qu’est-ce qu’une « bonne initiative démocratique » ?

    J.-B. C. : C’est une initiative qui relie les gens, qui permet de créer du lien social dans un village, une commune. Je pense au maire de Verteillac, en Dordogne. Il y a 600 habitants dans cette commune. Le maire a créé des comités dans son village, parce que le village était en train de mourir. 300 habitants se sont manifestés et organisent des choses toute l’année. C’est une excellente initiative démocratique : ça fait vivre le village, ça fait vivre les gens, et ça fait vivre tous les âges. Un conseil municipal de jeunes, une association, une université du temps libre ou un EHPAD ont parfois des initiatives formidables qui cimentent le vivre ensemble.

    C. E. : Il faut remettre l’accent sur la formation initiale, la sensibilisation des jeunes au plus tôt. On a aussi un enjeu d’éducation populaire. Les médias et les associations ont un rôle majeur aujourd’hui dans le pays. Il faut préserver les ressources et le soutien auprès de ces acteurs. Ils font un travail formidable au quotidien sur ce lien de préservation de la démocratie.

    Paroles d’élus : Quelles tendances observez-vous dans l’engagement citoyen ?

    J.-B. C. : L’envie de s’engager, mais de s’engager d’une façon peut-être un peu différente. L’engagement municipal et l’engagement associatif restent incroyablement forts. L’an dernier, nous avons reçu 400 dossiers pour la deuxième édition. J’ai lu tous les dossiers. L’engagement prend mille formes. Le point commun entre toutes ces formes, c’est le mot « relier ». Aujourd’hui, dans un monde polarisé, dans un monde de la punchline, où on ne s’écoute plus, les gens ont un besoin viscéral de s’engager, de se relier et de retrouver une forme de communication douce.

    C. E. : Je souscris complètement aux enjeux de recréer du lien, de se réécouter, de se respecter. Paradoxalement, dans un monde hyper-connecté, on voit très bien poindre des sujets d’isolement. C’est pour ça que nous sommes engagés sur ces questions. Il faut travailler sur ce lien de préservation de la démocratie avec les acteurs de terrain.

    Paroles d’élus : Quel message portez-vous à travers ce Prix de la Démocratie ?

    J.-B. C. : Notre but est de mettre en valeur toutes les initiatives citoyennes remarquables qui existent dans nos communes, dans nos associations, dans nos villages, dans nos clubs de sport, qui souvent passent sous le radar des médias. Nous voulons les mettre vraiment en valeur sur la thématique du vivre ensemble et de la citoyenneté. Les pieds dans le concret, dans le sourire et dans la démocratie que j’appelle positive.

    C. E. : Ce Prix de la Démocratie s’inscrit pleinement dans les enjeux de sensibilisation autour des usages numériques. C’est un enjeu de confiance. Nous sommes deux acteurs de confiance qui se rejoignent parfaitement sur ces valeurs. Notre objectif est de donner les clés d’un monde numérique de confiance, en particulier aux jeunes générations.