Partagez cet article
Sommaire de l’article
    L'actu des associations

    [Congrès AMRF] Nos élus, ces sportifs de haut niveau (2ème partie)

    Sylvain Chavanel, triple vainqueur d’étapes du Tour de France, et Cyril Cibert, maire de Chenevelles et président de l’Association des maires des communes rurales de la Vienne, poursuivent cet échange croisé initié lors du Congrès de l’AMRF. Entre sacrifice, esprit d’équipe et proximité territoriale, les deux hommes tissent des liens étonnants entre le peloton cycliste et l’action municipale. 

     

    Paroles d’élus : Sylvain Chavanel, votre carrière de cycliste professionnel vous a fait voyager dans le monde entier. Qu’est-ce que cela vous a apporté dans votre vision de la ruralité ?

    Sylvain Chavanel : Mon ancien métier de coureur cycliste professionnel m’a permis de voir le monde. J’ai voyagé aux quatre coins de la planète. Du coup, je suis quelqu’un d’épicurien et d’authentique. Ce sont des valeurs qui ressemblent à ce monde rural. J’ai toujours choisi la campagne pour aller chercher ce calme, mais sans être trop loin du monde non plus. Aujourd’hui, tous ces maires ruraux nous ont permis d’avoir des accès rapides aux grandes villes pour aller faire de grandes études ou voir de grands festivals. Cela a permis d’ouvrir ce monde rural aux grandes villes.

    Paroles d’élus : Cyril Cibert, le sacrifice est un mot qui revient souvent quand nous parlons de sport de haut niveau. En quoi cette notion s’applique-t-elle aussi aux maires ruraux ?

    Cyril Cibert : Pour être sportif de haut niveau, pour en vivre, c’est très compliqué. Il faut d’abord, quand ils sont jeunes, vraiment faire beaucoup de sacrifices. Nous ne nous rendons pas compte du niveau de sacrifice nécessaire pour devenir sportif puis professionnel. Et nous, les maires, les petits maires, c’est pareil : pas mal de sacrifices également. Quand nous sommes maire d’un village où nous n’avons pas tout le staff derrière nous, nous dépassons du temps, nous sommes maire jour et nuit. C’est un peu ce qui nous lie avec les coureurs cyclistes professionnels. Je suis toujours admiratif de ce qu’ils font. C’est un milieu très dur.

    Paroles d’élus : Le cyclisme fait vivre les territoires. Comment cette dynamique fonctionne-t-elle concrètement ?

    Sylvain Chavanel : Sur des petites épreuves, cela permet de faire vivre toutes ces communes. Ma performance permet de valoriser les communes où je passe. Vous ne pouvez pas imaginer le calendrier cycliste étendu sur toutes les communes de France, toutes les courses cyclistes… Aujourd’hui, malheureusement, il faut le dire, au niveau des budgets, c’est compliqué. Organiser des courses cyclistes est devenu très difficile. Il faut serrer la ceinture. Aujourd’hui, nous perdons énormément de courses au calendrier. C’est vraiment dommage.

    Paroles d’élus : Peut-on faire un parallèle entre la performance sportive et la réussite dans les projets municipaux ?

    Cyril Cibert : Ce sont à chaque fois des marathons pour obtenir des résultats. Sylvain s’est entraîné énormément. Nous retenons aussi les victoires, mais avant d’arriver à la victoire, il y a aussi parfois des défaites, des frayeurs, des chutes. C’est là qu’il faut toujours garder le moral. Parfois, ce sera un bon projet que nous ne pourrons pas mener à bout parce que nous n’aurons pas le budget, par exemple. Nous avons vraiment ces similitudes-là. C’est important, surtout pour nos jeunes. Sylvain, dans la partie sportive, est un exemple pour notre jeunesse. Il faut que nous soyons des exemples pour leur donner envie de s’investir.

    Paroles d’élus : Sylvain Chavanel, quel message souhaitez-vous faire passer aux maires et aux élus présents à ce congrès ?

    Sylvain Chavanel : La ruralité, c’est la proximité. Il faut garder ce lien très fort qui fait notre richesse. Les pieds dans la terre. Et soutenir nos agriculteurs, c’est le message que j’aimerais faire passer aussi. J’ai des amis agriculteurs et ils souffrent énormément. Ce n’est pas facile pour eux. Cette proximité que j’évoquais, c’est une proximité que je retrouve dans le monde professionnel cycliste. Nous avons besoin d’être soutenus en permanence. Le maire a besoin d’être soutenu, il a une équipe autour de lui. Il faut qu’il fasse confiance à tout le monde. C’est un projet collectif.

    Paroles d’élus : Cyril Cibert, un dernier mot pour conclure ?

    Cyril Cibert : C’est une équipe. C’est comme un coureur en cyclisme : quand il gagne, ce n’est jamais seul, c’est avec une équipe. Chacun a son rôle. J’ai eu cette idée d’organiser le congrès ici, Michel Fournier m’a suivi, et derrière, ce sont 40 à 50 personnes. C’est énorme. Je suis très heureux. Merci à Parole d’Élus de nous accompagner et de parler des élus d’une façon positive. Je dirais aux téléspectateurs : n’ayez pas peur de dire à vos élus ruraux, aux maires, que vous les aimez. C’est très compliqué. C’est important. Nous passons un temps fou, nous n’avons pas de moyens.