La Mitoyenne veut transforme la ruralité par le design

Le collectif La Mitoyenne a émergé d’une conviction : les designers ont un rôle à jouer dans l’aménagement des territoires. Fondé par les jeunes professionnels sortis du post-master Design des mondes ruraux de l’ENSAD, ce collectif met son expertise au service des collectivités. Rencontre avec Mathilde Albert et Zoé Mathis, qui ont choisi de rester en Dordogne pour transformer une friche rurale en lieu de vie collectif.

Paroles d’élus : Comment est née l’idée du projet de la Loco ?

Zoé Mathis : Nous avons vécu une vraie expérience habitante à Nontron dans le département de la Dordogne. En participant aux réunions publiques sur la réhabilitation du site, nous avons senti l’engouement des habitants. Le site, une ancienne friche agri-ferroviaire, sera repris par la commune en 2028. Mais pourquoi attendre ? Nous avons proposé une « permanence architecturale » transitoire. Cette approche permet aux habitants d’investir les lieux pendant la phase intermédiaire. Ils peuvent ainsi tester et définir les futurs usages ensemble.

Paroles d’élus : Quel type de mobilier avez-vous créé ?

Mathilde Albert : Nous avons privilégié la polyvalence. Lors de nos trois mois d’activation en 2024, nous avons construit une scène participative avec les habitants. Cette structure est devenue une terrasse de guinguette. Elle s’est transformée en scène pour des concerts. L’espace a accueilli des assemblées générales d’associations. Elle a aussi servi de point de distribution pour les paniers de producteurs locaux.

Paroles d’élus : Comment les associations se sont-elles impliquées ?

Zoé Mathis : Une trentaine d’associations du territoire se sont engagées dans le projet. Chacune a proposé ses propres activités durant l’été 2024. Nous avons assuré la coordination générale et la programmation culturelle. Notre rôle était de créer du lien entre ces différentes initiatives locales. Ce travail collectif a vraiment transformé le site.

Paroles d’élus : Pourquoi avez-vous décidé de rester à Nontron après vos études ?

Mathilde Albert : Tous les six membres du collectif ont choisi de rester. Cette résidence d’un an nous a permis de découvrir le territoire en tant qu’habitants. Le projet de la Loco nous a montré qu’une réelle synergie était possible. Nous avons senti que nous pouvions apporter quelque chose ici. C’était une raison suffisante pour s’installer durablement.

Paroles d’élus : En quoi consiste réellement le collectif La Mitoyenne ? Quel message adresseriez-vous aux autres collectivités rurales ?

Zoé Mathis : La Mitoyenne rassemble des architectes, paysagistes, designers et artistes. Nous travaillons avec les collectivités publiques, les associations et les écoles. Notre objectif est de participer à la fois à la conception et à la réalisation des projets. Nous souhaitons accompagner l’ensemble du processus. Du premier brainstorming jusqu’à la réception finale. Les designers ont une expertise utile pour les territoires. Nous mettons cette compétence au service de la ruralité. La conception n’est pas réservée aux grandes villes. Les collectivités et les élus peuvent nous solliciter. Ensemble, nous pouvons construire l’avenir des territoires ruraux. C’est une question de volonté commune.