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    Femmes de terrain

    Femmes de Terrain #28 avec Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin

    Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin et membre actif de l’association Ville de France.

    Comme vous allez le découvrir, Frédérique Macarez est une femme engagée qui ne manque ni d’audace ni d’énergie pour transformer son territoire. Comment devient-on maire d’une ville de plus de 50 000 habitants et présidente d’une agglomération de 85 000 habitants ? Comment conjuguer innovation, interactivité territoriale et qualité de vie ? Quels défis spécifiques rencontrent les élus locaux ?

    Autant de questions que nous avons pu lui poser.

    Allez, sans plus tarder, plongeons maintenant dans cette conversation riche d’enseignements et de convictions !

    Paroles d’élus : Peut-on revenir tout d’abord sur ce qui vous a animé au début ? Comment devient-on maire d’une ville comme St-Quentin ?

    Frédérique Macarez :  Je n’ai pas rêvé, depuis que j’étais petite, de devenir maire. En revanche, venant d’une famille d’agriculteurs, j’avais une conviction : l’envie de servir. Dans mes études, j’avais vraiment cette volonté d’être plutôt dans des fonctions de service public. J’ai été recrutée à la sortie de mes études par un ancien maire, un peu par hasard, sur un contrat d’emploi jeune, un contrat aidé.

    Ensuite, j’ai eu la chance qu’on me fasse confiance et qu’on m’encourage à prendre des responsabilités supplémentaires dans plusieurs domaines sur la ville de Saint-Quentin. J’ai travaillé aux côtés de deux maires successifs, Pierre André et Xavier Bertrand. Ce sont eux qui m’ont challengée à un moment donné de ma carrière professionnelle, en me disant qu’ils aimeraient que je me lance aussi en politique. Ce à quoi je n’avais pas spécialement pensé. Je crois que je me l’interdisais sans vraiment me le dire. C’est une forme de plafond de verre, à la fois féminin, mais aussi personnel, selon sa propre perception de soi.

    Au départ, j’ai dû me convaincre que ce serait peut-être une bonne idée. Il m’a fallu quelques semaines pour y parvenir. Finalement, ils me connaissaient mieux que moi-même, car, lorsque j’ai eu la chance de devenir élue, cela m’est très vite apparu comme une évidence. Une évidence, car ce que j’ai beaucoup apprécié en passant de l’autre côté – moi qui travaillais auparavant sur l’accompagnement des élus et le fond des dossiers – c’est le lien avec la population, la possibilité de dialoguer jusqu’au bout d’un projet, de le construire avec les habitants, de ne jamais oublier qu’on a des bénéficiaires. Aller voir le résultat est essentiel.

    J’ai toujours gardé en moi cette volonté de suivre un projet de A à Z, de le partager et d’en recueillir les retours des citoyens qui en bénéficient, afin de vérifier que nous ne nous sommes pas trompés. Donc, ce n’était pas un hasard, mais un encouragement d’autres personnes qui m’ont proposé de m’engager.

    Paroles d’élus : Concernant Villes de France, qui rassemble les villes de taille moyenne, entre 20 000 et 100 000 habitants, y a-t-il beaucoup de femmes maires ?

    Frédérique Macarez :  Il y en a de plus en plus. Dans ma région, sur des villes de taille moyenne, nous avons plusieurs femmes maires, comme celle de Calais ou encore celle de Beauvais, qui est présidente de l’agglomération. Il faudrait regarder les statistiques, mais la tendance est clairement à la hausse. Cela dit, l’exercice n’est pas simple, que l’on soit un homme ou une femme. Cela dépend de l’âge, de la vie professionnelle, familiale… Peut-être y a-t-il un poids supplémentaire pour les femmes, une forme de culpabilité inculquée par l’éducation ou la société, qui laisse penser qu’elles doivent tout gérer. Il y a eu un livre sur ce sujet, expliquant cette pression qui peut restreindre l’envie d’aller plus loin.

    Sur mon agglomération, nous avons 39 communes et seulement six femmes maires. Ce n’est pas encore beaucoup. Pour le prochain mandat, je ne sais pas si nous aurons plus de candidatures féminines. Ce n’est pas encore évident. Par ailleurs, nous avons un vrai problème de renouvellement dans un contexte difficile : pression réglementaire, évolutions sociétales… Certains hésitent à poursuivre ou à embrasser une carrière qui relève presque du sacerdoce. Il faut être prêt à s’engager pleinement pour être épanoui et bien faire son travail. Sinon, on ne s’y retrouve pas.

    Paroles d’élus : Vous préférez qu’on vous appelle « Madame la Maire » ou « Madame le Maire » ?

    Frédérique Macarez : Ça m’est égal. Souvent, quand on pose la question, les gens ont déjà une idée en tête et me disent « Madame le Maire » ou tout simplement « Frédérique ». C’est la preuve qu’il y a un besoin de proximité et de confiance. J’essaie de bâtir ce lien, de connaître les habitants, leur mode de vie, leurs ressentis. Pour bien les représenter, il faut être connecté à eux.

    Paroles d’élus : Quand on dirige une collectivité, on n’est pas seul. Avoir une équipe, notamment paritaire, est important. Est-ce plus simple d’attirer des femmes sur vos listes ?

    Frédérique Macarez : Sur les précédents mandats et avec les maires avec qui j’ai travaillé, nous n’avons pas eu de difficultés particulières. Nous avons eu des maires visionnaires sur ces sujets, qui faisaient naturellement confiance aux femmes, avant même que la loi ne l’impose. Pour bien représenter une ville, il faut prendre en compte la diversité des quartiers, des catégories socioprofessionnelles, des sexes et des âges. La parité, à la marge, peut parfois poser des problèmes d’adéquation entre talents et engagements. Mais sans cette règle, certaines collectivités n’auraient pas évolué vers cette mixité.

    Paroles d’élus : Avez-vous une devise qui vous suit au quotidien ?

    Frédérique Macarez : J’aime beaucoup la légende amérindienne du colibri, qui face à un incendie, tente d’éteindre les flammes avec son bec, prenant sa part de l’effort. Cette métaphore me semble essentielle dans un monde où tout peut sembler désespérant. Chacun a un pouvoir d’agir, à son niveau. C’est un principe auquel je tiens.

    Découvrez la suite de cet entretien avec Frédérique Macarez dans votre podcast…