Comment mesurer l’impact environnemental du numérique ? L’Arcep et l’ADEME publient un premier rapport
Facteur d’amélioration pour les uns. Responsable de l’augmentation de notre emprunte carbone pour d’autres… l’impact du numérique sur notre environnement n’est pas sans susciter une certaine controverse. Afin de comprendre ces écarts de résultats dans les études de mesure de l’impact environnemental, un comité d’experts technique piloté par l’Arcep et l’ADEME a travaillé ces derniers mois sur ce sujet. Il en découle un premier rapport publié en ce début avril.
L’impact environnemental des TIC
En ce mois d’avril, Paroles d’élus a souhaité s’intéresser de près à une problématique pour le moins d’actualité, celle de la résilience énergétique. Et pour être certain de s’emparer de ce sujet dans les règles de l’Art, focus aujourd’hui sur la publication récente intitulé « Evaluation de l’impact environnemental des TIC : analyse des écarts méthodologiques ». Dévoilé le 3 avril dernier, elle livre une analyse des différentes méthodologies utilisées pour mesurer l’impact environnemental du numérique, identifie leurs limites et propose des pistes d’amélioration.
Vous avez dit TIC ?
Très utilisé il y a encore 5 à 6 ans, l’emploi du mot TIC se fait plus rare désormais. Les TIC se différencient du secteur du numérique à proprement parler. L’OCDE les définit en effet comme les secteurs d’activité économique qui concourent à la visualisation, au traitement, au stockage et à la transmission de l’information par des moyens électroniques. Cela ne concerne donc pas les activités économiques relatives au secteur.
Des résultats qui varient
Ce comité est parti d’un constat simple. Alors que de nombreuses études tentent désormais d’évaluer l’impact environnemental du numérique, leurs résultats peuvent varier d’une étude à une autre. Dans son rapport, les experts avance plusieurs raisons pour expliquer ces divergences. Il y a tout d’abord la disponibilité et la qualité des données utilisées dans les différentes études.
Un déficit méthodologique
S’y ajoute le déficit d’ancrage méthodologique. Sur ce point, le premier volet de l’étude publié par l’ADEME et l’Arcep en 2022 indique que sur un échantillon exhaustif de 132 études publiées après 2010 ; « la majorité d’entre elles ne font pas mention de référentiels (91%). Certaines études font simplement mention d’un ou de plusieurs référentiels sans les suivre (7%) et très peu d’études (2%) mentionnent de façon explicite le suivi total ou partiel d’un référentiel pour l’évaluation d’impacts environnementaux ».
Quid du standard UIT-T L. 1450 ?
Dernier point, le comité a relevé une faible utilisation du référentiel de méthodologie d’évaluation promus par l’Union internationale des communications (UIT) : standard UIT-T L. 1450. De quoi s’agit-il ? Défini en 2018, celle-ci spécifie l’approche méthodologique à suivre pour évaluer l’empreinte carbone du secteur des TIC selon une approche par cycle de vie. Bien que considéré comme faisant autorité par les experts, « ce standard n’est pas suffisamment utilisé par les études d’impact ».
Trois études scrutées
Concrètement, trois études ont été passées au crible du référentiel de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) ; la première a été publiée en 2018 par Ericsson, la deuxième par Shift Project et la dernière par l’ADEME et de l’Arcep l’an dernier. Le comité d’experts technique sur la mesure propose 15 pistes. Parmi ces dernières, on trouve notamment l’idée d’élargir la notion d’ « impact environnemental ». Le but est ici de prendre en compte, en plus du changement climatique, la consommation de ressources, la protection de la biodiversité et d’autres limites planétaires.
Intégrer les technologies émergentes
Autre exemple, l’étude recommande de « spécifier comment intégrer les technologies émergentes comme la Blockchain, l’intelligence artificielle et l’internet des objets dans les études d’impact environnemental du numérique ». Ou encore de « mieux délimiter le périmètre d’application du standard L.1450 en clarifiant les frontières des TIC avec d’autres secteurs connexes comme le secteur des Médias et des Loisirs (E&M) ».
Pour en savoir plus sur cette étude, c’est ici.