L’Intérêt digital #4 avec… le Cantal et son Smart Agri Forum
Qui dit « Premier mercredi du mois », dit forcément « Intérêt digital ». Votre rendez-vous mensuel est en effet déjà de retour ! Après la Drôme le mois dernier, prenons aujourd’hui la direction du Cantal pour découvrir une nouvelle initiative numérique portée par un Département. Mardi 4 avril s’est tenue en effet la 4ème édition du Smart Agri Forum. Nous en avons profité de l’occasion pour poser quelques questions au Président du Département, Bruno Faure.
Paroles d’élus : Quel est la genèse du Smart Agri Forum ?
Bruno Faure : Le Smart Agri Forum est le fer de lance de notre action de mobilisation des acteurs du monde agricole autour de l’innovation, pour une agriculture connectée et durable. D’une certaine manière, la décision de lancer cet événement résulte d’un principe de continuité. Le Département du Cantal est en effet engagé depuis longtemps dans le développement des nouvelles technologies. Nous avons commencé cette transformation dès 1998. À l’époque, l’enjeu était pour nous d’équiper toutes les communes d’un point d’accès à Internet… Et depuis, nous n’avons jamais cessé de mener de front différents programmes dans des domaines d’actions très divers. Sur le numérique éducatif par exemple, il y a bien longtemps que l’ensemble de nos collèges sont connectés. Ce fut le cas également au début des années 2000 avec des premières expérimentations de téléconsultations…
Et nous avons aussi Ruralitic, un événement important et que vos lecteurs de Paroles d’élus connaissent bien. Chaque année, au mois d’août, nous rassemblons à Aurillac tous les acteurs de la ruralité sur l’utilisation du numérique. L’agriculture ne devait pas rester en reste. L’idée était donc de faire un événement spécifique à l’agriculture et aux enjeux du numérique avec de nombreuses applications.
Paroles d’élus : L’action du Département pour développer une agriculture connectée ne se résume donc pas à une seule journée…
Bruno Faure : Effectivement. Le Cantal est un pays d’élevage et le Conseil Départemental s’emploie à répondre à un enjeu fondamental, celui d’interconnecter agriculture et innovation technologique. Il en va non seulement de l’avenir d’un secteur économique, mais aussi de l’avenir notre territoire et de la ruralité. Très concrètement, nous avons par exemple engagé un programme de financement d’équipements numériques pour les exploitations. Grâce à ce dispositif, 300 agriculteurs ont déjà été soutenus par le Conseil départemental dans l’acquisition de solutions innovantes dans le domaine du suivi du troupeau en continu ou encore de vidéo-surveillance. Nous voulons favoriser la modernisation des exploitations et répondre en cela aux attentes des jeunes agriculteurs, et des consommateurs, pour que la qualité du produit soit la meilleure résultante possible de la qualité du travail et de la qualité de vie du producteur.
Paroles d’élus : Quels furent les temps forts de cette 4ème édition ?
Bruno Faure : Cette journée nous a permis d’échanger autour de l’idée d’une « culture de l’innovation ». Les agriculteurs ont toujours développé une innovation de terrain et trouvent des solutions pour résoudre tous les problèmes qui se présentaient à eux.
Nous avons pu également découvrir un panel très intéressant de startups de l’Agri-Tech. Ces dernières avaient pour point commun d‘être fortement mobilisées autour de l’amélioration des conditions de travail des agriculteurs et de la souveraineté alimentaire.
Autre élément qui distingue cette édition des précédentes, il nous a semblé important d’aller directement chez les jeunes. Nous avons donc eu l’après-midi une visite du Lycée Agricole d’Aurillac. Ce fut l’occasion de faire découvrir l’ensemble des outils numériques aujourd’hui utilisés dans la formation. C’est important de faire voir aux jeunes que ce métier d’éleveur, grâce à l’utilisation de solution numérique, a beaucoup évolué. C’est un enjeu d’autant plus important qu’aujourd’hui en France, près d’un agriculteur sur trois a plus de 55 ans.
Ce soutien à l’innovation passe aussi pour nous par l’incubateur Landestini Cantal-Auvergne. Celui-ci accueille et accompagne des entrepreneurs engagés dans les domaines de l’agriculture durable et de l’alimentation. Ces startups se donnent pour mission de relier les humains à la terre, et de contribuer à la préservation et à la diversité du vivant.
Paroles d’élus : Et côté consommateur, comment votre collectivité fait-elle pour encourager à consommer plus local ?
Bruno Faure : Le Conseil départemental du Cantal a par exemple développé la plateforme numérique Agrilocal15. Cet outil répond à notre objectif d’encourager les circuits courts et de proximité, et favorise l’utilisation des produits locaux dans la restauration collective. Elle facilite en effet le recours à des produits locaux tout en contribuant à une meilleure connaissance par les acheteurs des potentialités du territoire en matière de fourniture de produits de terroir et de qualité.
En parallèle, il y a aussi tout un travail d’animation qui est fait à la fois du côté agricole en lien avec les chambres d’agricultures mais aussi du côté collectivités et des structures publiques pour les inciter à consommer locale. Il s’agit bel et bien pour nous de promouvoir des filières locales de qualité pour s’inscrire dans une démarche qualitative et durable en assurant des débouchés rémunérateurs pour les filières et les productions locales.