Le cloud souverain n’a pas dit son dernier mot
Qui peut encore penser aujourd’hui que le cloud ne « pèse rien ». En effet, ce secteur a bien les pieds sur terre et connaît une croissance annuelle monstrueuse de l’ordre de 20% en moyenne. Cette tendance est loin de ralentir. Les experts s’attendent en effet à ce que la taille du marché européen du cloud atteigne celui des télécoms à horizon 2030. Seul petit problème, trois acteurs américains se partagent aujourd’hui le marché de l’hébergement de données. De quoi faire resurgir l’idée d’un cloud souverain ?
La plus grosse part du gâteau
Si la France reste encore championne en matière d’Espace et de fusées, le cloud n’est pas son point fort. Il en est de même du reste pour les autres européens. Ainsi, malgré un marché de l’hébergement de données en pleine ascension, 3 GAFAM se partagent la plus grosse part du gâteau ; il s’agit bien évidemment d’Amazon avec AWS (53 %), de Microsoft avec Azure (9 %) et Google Cloud (8 %). Pour autant, Cédric O a rappelé hier que ; « la bataille du cloud n’est pas perdue ».
Une visite symbolique
En mai dernier, le gouvernement par les voix de ses ministres Cédric O, Bruno Le Maire et Amélie de Montchalin avait détaillé ce qui devait faire office de stratégie de développement de la Filière française du Cloud. Symboliquement, le Secrétaire d’Etat a présenté le volet économique chez OVHcloud, premier acteur européen à se hisser dans le top 10 mondial des fournisseurs de cloud.
1,8 milliards dans les nuages
Pour « faire émerger des champions français et européens du cloud », on ne parle plus de millions mais désormais de milliards. En effet, le gouvernement prévoit une enveloppe de 1,8 milliard d’euros sur quatre ans. L’ensemble de la contribution publique à la stratégie est financée ; « par le 4ème Programme d’investissements d’avenir (PIA) et France Relance, à hauteur de 533 M€ sur 2021-2022 puis 134 M€ pour 2023 et les années suivantes ». Devrait s’y ajouter des financements privés pour 680 millions d’euros et 444 millions d’euros de financements européens.
L’urgence d’une stratégie
Il y avait effectivement urgence. En effet, alors que, comme le souligne le dossier de presse de ce futur Cloud souverain ; « une part croissante des services numériques s’appuie désormais sur le Cloud pour héberger et traiter les données des entreprises, des administrations et des citoyens. Cette technologie est (…) amenée à prendre une place centrale dans de nombreux secteurs industriels tout comme dans le service public ». Or, face à la puissance de frappe des grands groupes américains notamment, les français devront être stratègiques.
3 piliers dont un nouveau label
Aussi, comme pour répondre à ces différents enjeux, les services de l’Etat ont élaboré une stratégie basée sur 3 piliers. Le premier d’entre eux consistera à l’élaboration d’un label « cloud de confiance ». Reposant notamment sur le visa SecNumCloud délivré par l’ANSSI, il sera octroyé aux fournisseurs de service. Il offrira donc « un double niveau de sécurisation – juridique et technique – aux entreprises et administrations françaises ».
Vers une politique « Cloud au centre »
Autre pilier, le gouvernement souhaite engager l’Etat dans une démarche « Cloud au centre ». Entendez par là que le cloud devient ;« un prérequis pour tout nouveau projet numérique au sein de l’État, afin d’accélérer la transformation publique au bénéfice des usagers ». Concrètement, les services numériques des administrations seront « hébergés sur l’un des deux cloud interministériels internes de l’Etat ou sur les offres de Cloud proposées par les industriels satisfaisant des critères stricts de sécurité ».
OVHCloud et Whaller, une alliance loin d’être anodine
En s’associant avec OVHCloud le 12 octobre dernier, la plateforme sociale et collaborative française Whaller a permis de concrétiser justement ce « cloud au centre ». En effet, s’il s’agit de la 4ème offre s’inscrivant dans le cadre de la stratégie définie par l’Etat en mai (NDLR : après celles de Microsoft avec Orange et Capgemini ; Google avec OVHCloud, et Google avec Thales), celle-ci est entièrement française.
Le souci d’une stratégie industrielle ambitieuse
Le troisième et dernier pilier de cette stratégie française pour un Cloud souverain, celui de la mise en musique du 4ème Programme d’Investissements d’Avenir et de France Relance était très attendu. Il s’agit donc ; maintenant que les enveloppes semblent définitivement fixées ; de financer des projets industriels de développement de technologies cloud en France à forte valeur ajoutée.
23 projets d’ores et déjà sélectionnés
Concrètement, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a été ouvert de la mi-février à la mi-avril afin de soutenir la filière française du cloud ; « dans le développement d’offres compétitives dans ces domaines ». Ont été sélectionnés 23 projets qui bénéficieront du soutien de l’Etat pour un total de 421 millions d’euros d’aides et devraient mobiliser 500 millions d’euros d’investissement privé.