En Franche-Comté, la Pive veut passer au numérique
Elles s’appellent l’Eusko, l’Abeille, la Bou’sol ou encore le sol violette. Elles, se sont les monnaies locales. Appelées aussi « monnaies complémentaires », on en dénombre plus de 80 en France. Direction aujourd’hui la Franche-Comté pour découvrir justement… la Pive. Pour ses 4 ans, l’association éponyme qui en a la gestion a décidé de se lancer dans un nouveau défi : faire de la Pive, une monnaie locale numérique.
4 ans ça se fête
Samedi dernier, rendez-vous était donné Place Granvelle à Besançon pour un moment festif aussi attendu qu’important. La Pive, la monnaie locale soufflait en effet ses 4 ans. L’occasion de revenir également sur tout le chemin parcouru depuis la première campagne de financement participatif qui a permis concrètement d’imprimer et de mettre en circulation les 10 000 premières pives. Au fur et à mesure des années, elle rassemble un nombre toujours plus grand d’utilisateurs et de commerçants. Ces derniers sont aujourd’hui plus de 300.
Les monnaies locales, une mode de bobo ?
Loin d’être une mode, les monnaies locales ont démontré depuis longtemps leurs qualités et cela aux quatre coins du monde. Saviez-vous par exemple qu’en Suisse, le WIR, monnaie locale pour les professionnels a été créée dès 1934 ? Elle est toujours utilisé aujourd’hui quotidiennement par plus de 60 000 entreprises. Autre exemple avec la première monnaie locale européenne. C’est en Bavière qu’on peut l’a trouvé depuis près de 18 ans. Le « Chiemgauer », de son petit nom, a permis dès 2013 ; soit seulement 10 ans après sa création ; de réaliser plus de 7 millions d’euros de transactions. Outre cette ancienneté souvent méconnue, il y a aussi leur nombre. En effet, on recense aujourd’hui plus de 5 000 monnaies locales dans le monde. Mais pour comprendre leur vertu, il faut d’abord comprendre comment ça marche…
Les monnaies locales, un truc d’eurosceptique ?
Là encore, détrompez-vous. Ah l’heure où les critiques sur le fonctionnement de l’Union Européenne sont de plus en plus nombreuses, il n’est pas question ici de remplacer l’euro mais comme leur appellation l’exprime très bien, d’être « complémentaire ». En Franche-Comté, une Pive gardera toujours la valeur d’un euro. L’idée n’est donc pas de pouvoir spéculer mais bien au contraire de les faire circuler et donc, de créer de la richesse. Comment est-on certain que cela fonctionne? Une monnaie locale ne peut pas être déposée sur un compte en banque, son seul intérêt est donc de l’utiliser. Ainsi, les économistes ont remarqué qu’elles circulent en moyenne 7 fois plus vite qu’une monnaie nationale.
Une reconnaissance depuis 2014
Par ailleurs, ces monnaies complémentaires vont de pair le plus souvent avec une charte qui rappelle que son utilisation doit permettre le commerce et la production de proximité. Conséquence directe, il n’est pas possible d’utiliser une monnaie locale dans un supermarché ou un hypermarché. Si la France n’est pas pionnière dans le domaine, elle est en revanche le premier pays à avoir reconnu ces monnaies légalement comme moyen de paiement, et cela grâce à la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire (ESS). Le législateur y a vu en effet un outil efficace pour promouvoir une consommation plus respectueuse de l’environnement ou permettant de lutter par exemple aussi de lutter contre l’exclusion.
La pive voit grand !
Mais revenons à notre Pive. Aujourd’hui, elle est considérée, de par le territoire qu’elle couvre comme l’une des plus importantes de France. Ainsi, 12 comités locaux en assurent la promotion sur le terrain. Elle permet par ailleurs de payer toute sorte de produits ou de services depuis les légumes du maraîcher à son coiffeur.
Un nouveau défi pour 2022 : passer au numérique
Avec plus de 120 000 Pives en circulation, on pourrait penser que le plus dure est fait. Mais ce serait mal connaître les membres de l’Association. Ceux-ci se concentrent sur un nouveau défi : quitter la monnaie papier pour passer au paiement numérique. L’objectif est en effet à court terme de permettre donc « aux utilisateurs d’adhérer, d’échanger leurs euros en ligne et de payer en pives avec leur téléphone ». Ainsi, comme l’expliquait à nos confrères de la Dépêche, Marion Fichet ; en charge de la communication de la structure. « On a le projet de passer à la monnaie numérique dès l’année prochaine. C’est le but depuis le départ et ce sera le challenge des prochains mois ».