Nantes surveille de près sa température
« 50° ». La température franchie le mois dernier au Canada est un symbole fort. Et si le temps mitigé de juillet peut nous laisser à penser que nous sommes, ici en France, pour le moment protégés de telles chaleurs, les experts sont formels ; « la France devra y faire face » et doit d’ores-et-déjà s’y préparer, notamment dans les zones urbaines. Direction Nantes aujourd’hui où l’Agence d’urbanisme de la région nantaise, aussi connue sous l’acronyme AURAN a publié une étude permettant d’identifier les quartiers les plus exposés à de forte chaleur. Des expérimentations sont en cours pour limiter ce phénomène…
Un dangereux record
Si le dernier record absolu de température dans l’Hexagone, connu à ce jour, a été atteint à Vérargues, dans l’Hérault avec 46 °C, d’autres villes, situées plus au Nord ; regardent de près le phénomène.
Une campagne plus verte et…plus fraîche
Pourquoi un tel intérêt ? Tout simplement parce que nos territoires les plus urbains sont le plus susceptibles d’être touchés. Ainsi, l’AURAN a mis en avant un écart de température pouvant atteindre 7,1° entre certaines rues de Nantes et les relevés à l’échelle départementale. Pour les élus comme pour les urbanistes, la question se pose : « comment créer des ilots de fraicheur et limiter le phénomène de puits de chaleur ? ».
Des startups à la rescousse ?
La réponse pourrait paraître simple ; il suffit de planter des arbres… et attendre que ceux-ci soient suffisamment grands. Conscientes des enjeux, certaines start up s’inspirent de la nature pour développer un début de solution. C’est le cas d’Urban Canopée qui expérimente en ce moment sa solution rue Paul-Nizan en plein cœur de Nantes. Souvenez-vous. Dans votre dernier magazine digitale « Transition environnementale : 50 initiatives inspirantes », nous nous étions arrêtés, sans mauvais jeu de mots, sur cette jeune pousse…
Des ilots de fraicheur…
Urban Canopée expérimentait alors à Toulouse, l’installation de structures légères sur lesquelles poussent des plantes grimpantes pour rafraîchir l’air ambiant. A Nantes, on retrouve peu ou prou la même solution baptisée Corolle. Neuf variétés de plantes peuvent s’y déployer comme par exemple le jasmin, le passiflore ou encore la vigne vierge. Conçues en matériaux composites biosourcés, ces structures sont presque 4 fois plus légères que l’acier tout en garantissant une résistance importante.
…autonomes
Cet équipement a de nombreux avantages comme par exemple son installation extrêmement simple. Une journée suffit en effet pour mettre en place cet équipement urbain d’un nouveau genre. L’autre point fort réside dans son autonomie puisque sa base contient une réserve de 200 litres d’eau. Selon son concepteur, l’ombre ainsi créée peut recouvrir jusqu’à 50 m².
Dotés d’un système d’arrosage intelligent
Quel lien avec le numérique ? Des capteurs de température et d’humidité, fonctionnant grâce à l’énergie solaire permettent au système de ponctionner l’eau nécessaire. Un autre, solaire cette fois, est intégré au pot et fournit l’énergie pour faire fonctionner l’ensemble. Les données récoltées en temps réelles vont permettre de mesurer l’efficacité d’un tel procédé.
Le laboratoire urbain de Nantes
Cette prise de conscience n’est pas issue, pour filer la métaphore, de la dernière pluie. Depuis presque vingt ans en effet que la Samoa, l’aménageur urbain de l’île de Nantes, teste, expérimente et mesure les résultats de projets innovants, à l’instar des Corolles dont nous venons de parler. Grâce au financement obtenu par la Banque des Territoires, les recherches s’accélèrent dans le cadre d’un programme au nom explicite ; « Quartier démonstrateur ».
Des experts en circuits-courts
Là encore, le numérique est d’une aide précieuse puisque la Samoa teste une innovation de modélisation et de simulation numérique, permettant « d’analyser les comportements historiques et actuels de ces zones urbaines, mais aussi de simuler des canicules et préconiser des solutions ». Et pour mener à bien ce projet, les experts sont parfois tout près. L’entreprise nantaise Soleneos, est en effet spécialisée sur ces questions. Cette dernière « s’appuie sur une technologie de rupture, issue de la recherche publique, qui permet de cartographier le climat d’un quartier avec une très grande précision, mais aussi d’anticiper les différentes évolutions et leurs répercussions, afin d’influencer les choix d’aménagements futurs ».