L’Europe au quotidien : 3 questions Laurent Kalinowski, Maire de Forbach
J-4 des élections européennes, continuons notre tour de France de l’Europe au quotidien grâce au travail de Villes de France. L’Association a interrogé plusieurs de ses élus pour mieux comprendre le travail réalisé entre les collectivités et l’Union Européenne. Après Beauvais, Arras, Niort, Colmar et St-Quentin, direction aujourd’hui Forbach. Trois questions à Laurent Kalinowski, Maire et Président de la CA de Forbach.
Qu’apporte l’Europe à votre ville ?
Laurent Kalinowski – L’Europe c’est avant tout l’ouverture des frontières et la libre circulation des personnes qui permettent de nombreux échanges culturels et économiques dans un bassin d’emploi et de vie transfrontalier. L’Europe se décline aussi au quotidien dans le cadre de nos jumelages, par exemple, avec la ville de Völklingen (Allemagne), avec qui nous avons des conseils municipaux communs, ou avec la ville de Targu Jiu (Roumanie) où nous développons des projets d’économie solidaire avec Emmaüs. Cette ouverture se traduit aussi concrètement par la création d’un Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT) Eurodistrict SaarMoselle. Ce dernier mène de nombreux projets en matière de tourisme, de développement durable, de mobilité et de marketing territorial. Pour Forbach, l’Europe amène un autre niveau de réflexion : celui d’une métropole transfrontalière en devenir. Forbach y envisage son avenir autrement : une ville qui doit trouver sa place au cœur d’un continuum urbain transfrontalier.
En tant qu’élu local, quelles sont vos attentes vis-à-vis des institutions européennes ?
LK- Nos attentes découlent de ces réflexions. Malgré les accords bilatéraux et les déclarations communes, les avancées sur le terrain restent limitées du fait de l’organisation centralisée de l’Etat. Pour avancer, il faut faire évoluer le cadre juridique pour nous donner plus d’autonomie. L’Etat et l’Europe doivent nous aider à agir dans les secteurs de l’économie, du marché du travail, dans la mobilité, la santé, la formation ou encore la sécurité. Ils doivent aussi avoir une approche « proximité » des territoires. Il faut par exemple agir sur la formation professionnelle et la mobilité transfrontalière pour notre jeunesse ; sésame pour l’accès à l’emploi transfrontalier.
Pourquoi faut-il sauver les fonds européens pour toutes les régions ?
LK- Toutes les régions n’ont pas forcément besoin de la politique de cohésion de l’Union européenne (UE). En revanche, les régions pauvres mais aussi intermédiaires (c’est le cas des régions françaises) en ont aussi besoin pour assurer un développement harmonieux de leurs territoires et corriger certains déséquilibres. Le seul critère du P.I.B. n’est pas satisfaisant pour prioriser les interventions de la politique de cohésion : il n’est pas suffisamment représentatif de la réalité des territoires et n’est pas non plus dynamique (les territoires évoluent, des difficultés peuvent émerger mais les programmes européens et leurs déclinaisons régionales sont très rigides). Le taux d’emploi, les niveaux de formation voire le taux d’alphabétisation et le niveau de développement des équipements peuvent par exemple être d’autres critères de lecture. Au-delà de cet aspect de nécessité, l’action de l’UE doit aussi être visible. La politique de cohésion semble donc être l’outil idéal pour irriguer l’ensemble du territoire et donner à l’UE une existence réelle et positive au-delà de sa production normative. C’est un élément qu’il faut absolument consolider dans la mesure où un grand nombre d’anti-européens basent leur argumentation sur une Europe éloignée du peuple, une Europe normative, une Europe de la concurrence, une Europe du libéralisme qui ne protège pas ses citoyens.