Open Data : premiers résultats et nouvel observatoire
Pluie de flocons et d’arobases sur toute la France. Alors que la neige paralysait encore la capitale, Villes et Villages Internet organisait samedi dernier au Salon de la Porte Dorée, la cérémonie annuelle de remise de son label national. Et calendrier oblige, il fut beaucoup question d’open data.
Rendez-vous devenu incontournable depuis maintenant 19 ans, cette cérémonie est l’occasion de remettre le célèbre label national « Territoires, Villes et Villages Internet » en attribuant aux collectivités de une à cinq arobases. Si les formes et les champs d’applications ont pu évoluer, l’objectif de l’association reste le même : récompenser les villes et agglomérations les plus audacieuses en matière de numérique. Près de deux décennies plus tard, 1080 collectivités locales ont déjà reçu le label. Au total, 612 maires, élus et agents du réseau Villes Internet étaient présents samedi dernier et plus de 1300 internautes ont suivi cette journée annuelle de Remise du Label National Territoires, Villes et Villages Internet via la retransmission web.
Parmi les partenaires fidèles de cet évènement, de nombreuses associations d’élus, également membres de Paroles d’Elus comme par exemple l’AMRF, l’AMF, l’APVF Villes de France ou encore l’ADF avaient fait le déplacement.
Opendata France, également partenaire de cette journée consacrée à la numérisation de nos territoires, a profité de l’occasion pour communiquer les premiers résultats du programme Open Data Locale. Fin 2016, l’association avait sélectionné huit territoires afin d’expérimenter et de coproduire des dispositifs de “mutualisation des ressources dans le but de voir émerger un socle commun de données prioritaires ».
Différents axes de travail avaient été choisis comme par exemple l’identification d’un socle commun “d’outillages pour faciliter la co-production” ou la création d’un référentiel pédagogique. L’idée était alors de travailler avec des “territoires-pilotes pour expérimenter et coproduire les dispositifs de soutien auprès des collectivités de plus de 3 500 habitants”. Ce chiffre correspondant au seuil au-dessus duquel l’ensemble des collectivités devront ouvrir leurs données d’ici octobre 2018.
Comme le souligne souligné Laurence Comparat, élue en charge de l’open data à Grenoble et nouvelle présidente d’Open data France pour Mairie Info : « L’ouverture des données est une obligation, mais c’est surtout une exigence démocratique. C’est l’opportunité d’améliorer la transparence des administrations, de faciliter le travail quotidien des agents et de favoriser l’innovation ».
Parmi les points très positifs de cette expérimentation, les territoires pilotes ont pu progresser en pédagogie. C’est le cas à Redon par exemple, où comme le rappelle Gaëlle Chrisment, de Redon agglomération pour le Moniteur, « cela a permis de sensibiliser les élus qui semblent avoir été réceptifs aux bienfaits de cette nouvelle technologie ». Aujourd’hui sur les 32 collectivités qui composent ce territoire, « 15 ont libéré leurs données et 7 ont déjà produit des jeux de données ».
L’open-data a aussi rendu possible la création pour les communes de tableaux de bord d’aide à la décision, valorisant les données issues d’outils mutualisés. C’est le cas notamment en région Bourgogne-Franche-Comté où le GIP e-bourgogne-franche-comté a mis en place une plateforme de dématérialisation des marchés.
Autre aspect, cette phase d’expérimentation a facilité la mise en place d’une logique de rationalisation des systèmes d’information. Le Sictiam, le Syndicat Intercommunal des Collectivités Territoriales Informatisées Alpes Méditerranée souligne ainsi dans les colonnes Mairie-info, que l’open data peut aussi permettre « aux applications métiers des communes de mieux communiquer entre elles ».
Mais cette phase d’expérimentation a aussi eu le mérite de faire apparaître les éléments qui ralentissent le processus d’ouverture des données. Si la démarche peut paraître longue et compliquée, c’est par exemple, comme le constate Patrick Rueschmann, directeur du GIP e-bourgogne-franche-comté parce que « nous avons (…) sous-estimé le temps qu’il faut pour sensibiliser les acteurs. Il faut revenir plusieurs fois sur les mêmes discours avec des angles différents ». Autres difficultés et non des moindres, les territoires ont très vite réalisé que réduire l’hétérogénéité des systèmes d’informations et adopter un système de gouvernance légitime étaient des préalables indispensables pour y arriver.
Si l’ouverture des données par les collectivités s’accélère, avec un taux de croissance à + 60% cette année, le travail reste énorme. En effet, les 290 collectivités qui ont officiellement entamé cette démarche ne représentent que 8 % des collectivités concernées par la loi République Numérique. Pour disposer d’une visibilité à l’échelle nationale, OpenDataFrance a donc annoncé samedi dernier la création d’ici mars 2018 d’un Observatoire de l’open data dans les territoires. Cofinancé par la Caisse des Dépôts, ce dispositif doit permettre de disposer « d’une vision quantitative et qualitative précise de l’ensemble des démarches open data en France ».
L’ensemble de la production d’OpenDataFrance dans le cadre de cette expérimentation est disponible en cliquant ici